Mort d’Etienne Yakanou/ Zeus Ajavon : « C’est une non-assistance à personne en danger (...) Il faut sanctionner cela »

© Afreepress (Lomé, le 12 mai 2013) — « Nous disons que c’est la dernière mort, nous ne voulons plus que quelqu’un meure pour cette affaire. C’est pour cela que nous allons nous battre pour qu’il n’y ait plus de mort et que tout le monde soit libéré », ainsi parlait samedi Me Zeus Ajavon, leader du Collectif sauvons le Togo (CST), collectif dont une trentaine de militants sont accusés d’avoir mis le feu aux marchés de Lomé et Kara.

Cet avocat et défenseur des droits de l'Homme s’est exprimé samedi au micro de l’Agence Afreepress quelques heures seulement après l'annonce du tragique événement. Celui-ci a accusé le pouvoir d’avoir laissé mourir l’homme de 40 ans en lui refusant des « soins appropriés ». Lire l’intégralité des propos de Me Zeus Ajavon.

 Afreepress : Bonjour Me Zeus Ajavon, pouvez-vous nous rappeler les circonstances dans lesquelles est mort Étienne Yakanou ?

Me Zeus Ajavon : Étienne Yakanou a été incarcéré dans ce qu’ils appellent « Réserve du camp de la gendarmerie » pour l’histoire rocambolesque d’incendie des marchés de Lomé alors que ce gars n’a rien à avoir dans cette affaire. Moi aussi je suis inculpé dans cette affaire alors que je n’en sais rien, c’est absolument injuste et idiot.

M. Étienne Yakanou était malade ces jours-ci et cela fait plus d’une semaine. En un moment donné, sa santé à commencer à décliner alarmant son épouse qui est allée chercher une infirmière pour voir ce qui se passait, mais les agents de la gendarmerie ont refusé que l’infirmière aille examiner le détenu et il a fallu une intervention du Procureur de la République avant que ça ne soit possible. Lorsqu’elle est allée, l’infirmière s’est rendue compte que l’état du détenu était tellement grave qu’il fallait l’évacuer à l’hôpital pour recevoir des soins appropriés. Mais au lieu de l’évacuer vers un centre de soins approprié, on l’a envoyé au camp de la gendarmerie de Lomé pour être soigné dans une infirmerie, par qui ? Je ne le sais.

Afreepress : Est-ce pour cela que vous parlez de refus d’assistance à personne en danger ?

Me Zeus Ajavon : C’est une non-assistance à personne en danger, ce n'est pas un refus. Il faut sanctionner cela. C’est une non-assistance à personne en danger ayant entraîné la mort. Il faut trouver ceux qui ont fait cela.

Afreepress : Quelle serait la réaction du Collectif sauvons le Togo (CST) et de la Coalition Arc-en-ciel après ce décès ?

Me Zeus Ajavon : Nous disons que c’est la dernière mort, nous ne voulons plus que quelqu’un meure pour cette affaire. C’est pour cela que nous allons nous battre pour qu’il n’y ait plus de mort et que tout le monde soit libéré. Beaucoup de gens sont malades parce qu’on ne les nourrit pas, l’État ne les nourrit pas depuis janvier. Non seulement on refuse de les nourrir, mais en plus ils sont malades.

Moi-même je suis innocemment inculpé dans cette affaire, les autres aussi sont innocemment inculpés. Nous savons tous aujourd’hui qui sont ceux qui ont brûlé les marchés de Lomé et Kara. Nous le savons, eux-mêmes ils le savent. Ce n’est plus un secret pour personne alors qu’on laisse les gens.

Celui qui a dit des choses qui ont déclenché notre arrestation et incarcération qu’on appelle Loum Mohamed alias Tométy Toussaint s’est rétracté. Il a dit qu’on l’a obligé à accuser des gens, il l’a dit de façon claire qu’on l’a torturé et on lui a dit d’accuser les gens. Il l’a dit devant le juge donc automatiquement toute accusation tombe. Je ne vois pas pourquoi on a gardé encore ces gens.

Dans un pays normal, on aurait commencé par chercher ailleurs or comme eux-mêmes savent ceux qui ont brûlé les marchés et que c’est dans leurs rangs, c’est pour cela qu’ils continuent de faire des choses aussi absurdes.

 Propos recueillis par Olivier ADJA