Lutte contre la pauvreté : La Banque mondiale sur le terrain pour évaluer les impacts du PASA
©Afreepress-(Lomé, le 19 octobre 2016)- Le 17 octobre dernier, c’était la Journée internationale de lutte contre la pauvreté, une journée qui a coïncidé avec le lancement de la campagne mondiale : « END POVERTY ». La Représentante de la Banque mondiale au Togo, Mme Joëlle Businger a profité de cette date pour effectuer une visite de terrain dans deux régions du pays à savoir la région Maritime et celle des Plateaux. A travers cette démarche, elle a voulu toucher du doigt les effets positifs du Projet d’Appui au Secteur Agricole (PASA) que son institution finance.
Zakari d’Agbélouvé, un éleveur plus qu’épanoui
A Agbélouvé dans la préfecture de Zio (35 km au Nord de la ville de Tsévié) la délégation conduite par Mme Businger et composée entre autres, de journalistes, d’acteurs de la société civile, de cadres du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Hydraulique, a visité un petit éleveur de moutons ayant bénéficié de l’accompagnement du PASA.
Zakari, l’éleveur rencontré à Agbélouvé était chauffeur de formation. Il s’adonnait à cette activité d’élevage de petits ruminants à ses temps perdus. Mais l’intervention du PASA viendra tout changer dans sa vie. Il bénéficie d’une subvention et d’une formation en techniques d’élevage. L’homme confie avoir débuté ses activités d’élevage avec sept bêtes dont cinq femelles et trois mâles. La transformation intervient lorsque le PASA l’aide à acquérir un géniteur (ce qui améliore l’état de son cheptel) et met des moyens à sa disposition pour l’amélioration du cadre de vie des animaux.
« Grâce au PASA j’ai bénéficié d’un géniteur, d’une formation sur les techniques d’élevage et d’un appui pour la construction de ma bergerie. Mon troupeau comptait 45 têtes avant la Tabaski (passée). Je dispose de 22 têtes bien en forme et les recettes issues des ventes me permettent d’entretenir ma famille », a-t-il laissé entendre et de se réjouir du fait que cette activité induit d’autres avantages. « Elle m’a permis de disposer de compost pour mon champ », a-t-il confié. Aujourd’hui, Zakari dit vendre régulièrement ses moutons ce qui lui permet d’améliorer son niveau de vie et de mieux prendre soin de sa famille.
A Notsé, des producteurs de riz transformés en chefs d’entreprises
A Notsé (95 km au Nord de Lomé), où la délégation a visité une unité de transformation de riz gérée par de la structure : « Entreprise et Service d’Organisation des Producteurs (ESOP) », c’est le même sentiment de satisfaction qui s’est exprimé. La visite de terrain à l’ESOP Notsé, a permis à Mme Joëlle Businger et ses collaborateurs d’apprécier le travail réalisé sur ce site et son impact dans la vie des acteurs dont une majorité de femmes employée sur place.
L’ESOP est une forme organisée d’entreprenariat des producteurs basée sur un partenariat durable et fructueux entre agriculteurs, transformateurs et commerçants. Grâce au PASA et à l’appui technique de l’ONG « Entreprise, Territoire et Développement (ETD) » les membres de l’ESOP Notsé bénéficient régulièrement de conseils et de sensibilisation. Ils sont aidés dans la constitution de groupes de tontines, dans la mise en place d’une Société à Responsabilité Limitée, dans l’achat d’équipements de transformation et de matières premières. Un accompagnement, qui de l’avis des bénéficiaires a radicalement changé leurs niveau de vie.
« Depuis que j’ai commencé par travailler avec ESOP Notsé, ma situation a beaucoup changé. Avant mes productions de riz trouvaient difficilement preneurs et je n’arrivais pas à vivre de mon activité. Mais avec l’ESOP, j’écoule plus facilement mes productions et mieux encore, on me paye immédiatement toute la somme. C’est ce qui me permet de subvenir à tous les besoins de ma famille. Les frais de scolarité de mes enfants sont payés grâce à cela et j’arrive maintenant à économiser. Ce qui m’a d’ailleurs permis d’entamer la construction d’une maison qui est en train d’être achevée », a fait savoir GBAGBE Komlan Fofo, président de la Tontine des producteurs de riz de Fofokopé, une ferme agricole qui a été visitée par la délégation de la Banque mondiale.
Au totale, il y a 400 tonnes de riz Paddy qui ont été écoulés par les producteurs membres de l’ESOP Notsé pour un montant total de 59 000 000 F CFA, a appris l’Agence de presse Afreepress. Mise en place en 2013, l ’ESOP Notsé compte aujourd’hui 8 salariés et regroupe près de 700 producteurs réunis en 53 groupes de tontines commerciales. Avec l’aide de la Banque mondiale à travers le PASA, des équipements de transformation du riz Paddy ont été acquis à hauteur de 62 110 000 F cfa.
Les impressions de Mme Joëlle Businger sur l’impact du PASA
« Nous avons fixé l’objectif de réduire la pauvreté à moins de 3% au monde d’ici l’année 2030 et de promouvoir la prospérité partagée de tous. Cette année nous avons retenu comme thème le rôle que joue l’agriculture dans l’élimination de la pauvreté. Nous avons donc saisi cette occasion pour visiter le projet PASA qui est l’un des projets qui appuient le programme national du gouvernement dans le secteur de l’agriculture. Nous avons pu attendre les bénéficiaires un éleveur à Agbélouvé et des producteurs de riz à Notsé. Nous avons rencontré des producteurs de riz et leur avons parlé afin de savoir ce qui marche sur le projet et ce qui reste à améliorer. Ce que je retiens c’est que nous avons eu de très bons résultats en matière d’augmentation de productivité, de transformation, de coordination et d’organisation à travers ce qu’on appelle les ESOP qui sont des entreprises de transformation et des entreprises de service et d’organisation des producteurs qui les aident à transformer et à raffiner leurs productions afin d’avoir accès à des marchés plus intéressants que ce qu’ils avaient auparavant. On voit donc que le mécanisme marche très bien, les producteurs se disent heureux des améliorations », a confié au terme de la visite la Représentante résidente de la Banque mondiale au Togo.
Dans ses propos, elle met l’accent sur l’objectif de la Banque mondiale qui est celui d’agir sur le levier de l’agriculture pour faire baisser la pauvreté extrême dans le monde et au Togo. La Banque mondiale intervient à travers plusieurs projets pour atteindre cet objectif. Elle cite entre autres, le PASA mais aussi le PPAO qui se focalise sur la recherche dans le secteur agricole et ce, dit-elle, pour apporter un appui dans les cultures vivrières, les cultures d’exportation mais aussi l’hydraulique. « Nous avons aussi l’approche des ESOP qui sont comme des coopératives des producteurs qui améliorent la production, la valeur ajoutée mais aussi la transformation et l’accès au marché. Nous avons eu des résultats concrets dans le secteur du riz, mais aussi dans celui de l’élevage surtout des moutons », fait-t-elle remarquer.
Le PASA qui prend fin en 2017 sera reconduit à travers un financement additionnel qui se prépare et qui sera présenté avant la clôture du projet actuel, a fait savoir Mme Businger qui réaffirme l’engagement de la Banque mondiale à « continuer à appuyer le gouvernement du Togo » dans ses politiques de lutte contre la pauvreté. « Nous préparons une nouvelle stratégie sur 4 ou 5 années. A la Banque mondiale nous réfléchissons à des interventions sur le plus long terme pour appuyer le plan national de développement du pays dans le secteur agricole. Nous espérons après le PASA, une nouvelle génération de projets qui soit axés sur le plus long terme ? », a-t-elle dit.
Près de 3 000 éleveurs de petits ruminants et 4 000 éleveurs de volailles ont bénéficié de l’accompagnement du PASA. L’impact de ces interventions est « grand », se félicitent les experts du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Hydraulique.
La fin de visite a été marquée par une vidéo conférence au siège de la Banque mondiale à Lomé où les journalistes et invités à cette tournée ont suivi en direct depuis Washington le lancement du rapport de la Banque mondiale sur la réduction de la pauvreté dans le monde. Un rapport qui relève que dans le monde, la moitié des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté vivent sur le continent africain, suivi de l’Asie du Sud qui regroupe le 1/3 des pauvres dans le monde. La majorité de ces personnes démunies, selon le rapport sont des paysans habitant des zones rurales.
A.Y.
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