Conflit de leadership entre Mission-Tové et Kovié : La part de vérité des populations de Kovié
©Afreepress-(Lomé, le 26 mars 2018)- Elles sont plusieurs parutions à s’intéresser ce lundi 26 mars 2018, au conflit de « chef-lieu » qui oppose depuis quelques semaines, la localité de Mission Tové à celle de Kovié dans la préfecture de Zio. « Nouvelle Opinion », « Le Libéral » ou encore « La Symphonie » reviennent chacun sur la version et la part de vérité des cadres de Kovié après les sorties médiatiques du camp adverse.
« La Symphonie » dans son numéro 115 du 26 mars 2018, revient sur cette crise et apporte plus de détails destinés, selon lui, à éclairer l’opinion nationale sur la « vérité » des faits et situer le public sur les vérités dans cette affaire qui a conduit samedi 17 mars dernier, les populations de Mission Tové dans les rues de leur localité pour protester et manifester leur désapprobation contre la décision de faire de Kovié, le chef-lieu de la commune de Zio 2.
« Le statut de chef-lieu de commune n’établit en rien la prédominance d’une localité sur ses voisins, ce n’est pas non plus une baguette magique pour transformer les destinées d’une localité. Il faut se demander, bien avant les tapages, l’impact réel que le statut de chef-lieu de la région Maritime a sur Tsévié et partant sur la préfecture du Zio. C’est dire que le combat de Tové est un combat vain, sinon insensé. Dans le Zio aujourd’hui, ce qui est important, c’est le développement intégral de la préfecture. C’est bien évidemment pour cette noble cause que les cadres des différents cantons du Zio ont créé un cadre de réflexion pour œuvrer, dans une dynamique solidaire, aux côtés des gouvernants, pour actionner le développement de la préfecture, toutes les haches de guerre d’hier, enterrées. Ce qui unit Kovié et Mission-Tové est plus fort que le simple statut de chef-lieu de commune, les deux peuples sont liés pour toujours, par l’histoire, mais également par les défis qu’impose l’avenir. L’Etat, dans toute sa souveraineté, sur des critères bien définis, se donne les moyens requis pour une meilleure administration du territoire. La contestation des décisions du gouvernement n’est pas chose interdite dans un pays démocratique, mais elle ne peut se faire en toute insolence et dans la défiance de l’autorité de l’Etat, elle doit également être fondée sur des principes moraux acceptables », soutient La Symphonie qui fait un retour en arrière et plante le décor de ce mélodrame qui se joue entre frère d’une même préfecture », avance cette publication.
« Mission-Tové a été reconnu canton par l’administration française d’outre-mer en juillet 1936. Il a administré le village de Kovié pendant 62 ans. Quand il s’est agi de représenter la vallée du Zio à Dakar en 1953 à l’époque coloniale où le Général de Gaulle de France devrait effectuer un voyage sur le Sénégal, c’est le Chef canton de Mission-Tové d’alors Jean Bernard Kpelly Kutonou qui a représenté toute la vallée. Le 14 avril 1893, Mission-Tové a ouvert ses portes à l’église évangélique presbytérienne du Togo. Aujourd’hui cela fait 125 ans. Mission-Tové est donc le berceau de l’église évangélique au Togo », rapporte le journal reprenant une déclaration signée de Rodrigue Akolatse, conseiller du CADI.
Une déclaration que remet en cause les personnes rencontrées par l’auteur de l’article. Ces personnes indiquent que « Kovie n’a jamais été sous tutelle formelle de Tové ». « Avant l’ère de la colonisation française, Kovié était bel et bien un canton, avec une organisation administrative à la base bien en place. Quand le Togo est passé sous la domination française (à partir de 1914), tous les chefs traditionnels qui ne se pliaient pas au diktat des Blancs étaient destitués et remplacés. C’est ainsi que plusieurs collectivités territoriales ont été chamboulées dans leur organisation, et la société réorganisée dans un schéma favorable à la gouvernance des colons. Le chef canton de Kovié va subir les représailles des Français, parce qu’il était hostile à la collecte des impôts, surtout contre les méthodes déshumanisantes ayant cours à l’époque. Cette résistance lui a valu une destitution, et Kovié déclaré ingouvernable. A défaut de le remplacer, - parce que les Blancs avaient peur qu’une autre personne désignée tienne toujours la même posture -, il a été demandé au chef canton de Tové, un béni-oui-oui docile comme un agneau, d’administrer Kovié en attendant. Mais durant tout ce temps, ce dernier, connaissant bien Kovié, n’a jamais osé étendre son pouvoir sur cette localité pour agir concrètement sur la gestion et l’organisation de la société », témoignent les populations sondées par La Symphonie dans le cadre de son enquête.
Pour ces habitants, que le Chef canton de Mission-Tové voyage sur le Sénégal en 1953 pour représenter la vallée du Zio, n’a rien d’exceptionnel. Le colon n’a fait qu’inviter un allié, un commis fidèle, un lèche-botte qui applique sa volonté à la lettre. Le 14 avril 1893, Mission-Tové a ouvert ses portes à l’église évangélique. L’histoire retient juste que ce sont les fils de Kovié qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire de l’église évangélique. Durant plus de cent ans, aucun fils de Mission-Tove n’a été modérateur de cette église (la plus haute responsabilité). Seul un fils de Kovié, en la personne du Pasteur Awanyon Emmanuel l’a été, durant deux mandats de quatre ans. Au tableau des statistiques, on dénombre aujourd’hui plus de fils de Kovié pasteurs de cette église que de fils de Tové. Il en est de même de l’église catholique. Kovié est le plus grand berceau fournisseur de prêtres à l’église catholique du Togo, défendent-ils.
Selon la Symphonie, dans l’histoire politique des deux communautés, Kovie est la localité qui a subi le plus d’injustice, mais ne s’est jamais dressé contre l’autorité administrative pour fustiger ses décisions publiquement et de manière insolente. Le véritable problème de Tove aujourd’hui, c’est son grand retard accusé sur le plan de développement local. « La jeunesse intellectuelle émergente ignore un peu l’histoire, c’est pourquoi en posant un regard sur les grandes avancées de Kovié aujourd’hui, elle pense que c’est le produit d’avantages et de faveurs politiques, au détriment de leur localité. Non, c’est plutôt une question d’organisation des cadres de Kovié, de toutes tendances politiques. Tové a été longtemps dans la grâce des colons, et c’est la localité qui compte dans l’histoire plus de ministres de la République, malheureusement ces derniers n’ont rien fait pour leur localité, ils ont plutôt utilisé leur influence pour détruire, retarder et humilier Kovié. Mais aujourd’hui, autant que faire se peut, Adedje, lui, pense au développement des deux localités et a déjà posé en ce sens plusieurs actes, notamment les infrastructures routières (traçage et entretien des pistes), entretien régulier des installations électriques dans le village Tové », soutient l’auteur de l’article.
L’autre injustice, dit-il, est relative à la riziculture: les rizicoles se trouvent à Kovié, mais la structure de gestion de cette activité agricole porte le nom de Tové.
« La recherche de la suprématie dans la zone a été de tout temps le combat de Tove, mais ses fils ne se donnent jamais les moyens pour grandir leur village. Quand il s’était agi de construire un collège d’enseignement dans la localité, les deux communautés ont convenu de céder chacune de son côté une parcelle de terre pour l’érection de l’établissement, qui devrait être dénommé CEG MISSION-TOVE-KOVIE. Pour déclarer le Collège officiellement, les gens de Tové ont retenu le nom: «CEG MISSION-TOVE», effaçant du coup Kovie », dénonce le journal qui établit une comparaison entre l’économie de Kovié et celle de Mission-Tové.
Kovié, soutient l’auteur de l’article, « tient le haut du pavé dans toute la zone et reste le meilleur contributeur au produit intérieur brut. La première richesse économique de Kovié reste le dynamisme de ses habitants en diverses activités génératrices de revenus. Les autres atouts majeures portent, entre autres, sur la grande étendue des espaces cultivables et leur fertilité, le grand marché qui s’anime deux fois par semaine (lundi nuit et samedi jour), la production du riz, le site de pèlerinage (le sanctuaire marial). Le marché de Tové, un très petit marché, s’anime une fois par semaine (mercredi nuit). Pour la production du riz, les responsables du projet PARTAM estiment la superficie exploitée dans la vallée du Zio à près de 1000 hectares actuellement, y compris les aménagements sauvages. La grande partie de cet espace, (soit plus de 600 hectares) se trouve à Kovie. Le reste de cet espace est réparti entre Mission-Tové, Assome, Wli, etc., mais une très petite partie est exploitable et exploitée. Outre le canal principal d’irrigation principal de la zone rizicole, 16 canaux secondaires irriguent l’espace cultivé de Kovié, seul un canal irrigue la petite surface cultivée par Tové. Kovié dispose de 13 décortiqueuses de riz, Tové en a trois, qui fonctionnent à peine. Au niveau de la production, le rendement moyen annuel à l’hectare est de deux tonnes cinq cents, avec deux récoltes par an. Soit un milliard deux cent millions en produits intérieurs bruts si la tonne de riz coûte quatre cent mille de nos francs. Mais la production agricole est diversifiée, outre le riz, Kovié excelle dans la production de manioc et produits dérivés, les fruits comme l’ananas, les bananes de table et le plantain », relève l’article.
A Kovié, on peut également retrouver plusieurs centres de pisciculture où se réalise la fécondation des poissons. Grâce aux volontaires du Corps de la Paix, plusieurs agriculteurs ont été formés au métier de pisciculture, et l’on dénombre plusieurs petits bassins de pisciculture, d’aquiculture et d’alevinage, ce qui constitue un pan non négligeable de l’économie locale. Kovie apporte ainsi sa petite contribution à la production nationale halieutique, apprend-on. «Si les gens de Tové reçoivent des visiteurs touristes, c’est chez nous ils les amènent pour explorer des sites touristiques, spécialement nos centres d’élevage d’espèces animales. Je reçois beaucoup chez moi qui viennent voir les alevins, les silures, les tilapias, etc., et apprécier le mode d’élevage» commente la responsable du centre d’alevinage Shalom à Kovié.
« A l’heure où les cadres des différentes localités mutualisent leurs énergies pour booster le développement de leurs fiefs, il est malheureux de constater que certains ne sont mus que par les luttes d’hégémonie. «Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir ensemble comme des idiots», rappelle un certain Martin Luther King. Le combat le plus important qui s’impose aujourd’hui, c’est celui du développement, de l’unité et de la cohésion sociale » », conclut La Symphonie qui invite les populations des deux localités à régler leurs différends de façon pacifique et en famille.
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