lundi, 05 février 2018 13:03
Interview du ministre Gilbert Bawara : " Nous allons œuvrer de parts et d'autres pour créer les bonnes conditions pour un dialogue serein et fécond"
©Afreepress-(Lomé, le 05 février 2018)- Sauf cataclysme de dernière minute, le dialogue inter-Togolais annoncé pour le 15 février prochain aura lieu. Les médiateurs guinéen et ghanéen, à travers un communiqué rendu public le 1er février dernier par leurs représentants respectifs, ont indiqué la date de début de ces discussions et précisé les modalités pour les participations.
Un communiqué qui suscite beaucoup de réactions au sein de la classe politique togolaise. Après l'opposition qui réclame des précisions sur certains points et parle de "zones d'ombre" dans le communiqué, c'est le tour du gouvernement de donner sa position. "Le gouvernement comme par le passé, œuvrera en vue de créer toutes les conditions propices au dialogue et aux pourparlers politiques. Bien entendu, les Togolais et nous-mêmes, estimons que l'opposition doit également se comporter de cette manière et travailler de telle sorte que les conditions soient parfaites le 15 février prochain pour que nous puissions nous asseoir autour d'une table pour discuter des problèmes de fond", confie le ministre Gilbert Bawara dans cette interview.
Lire l'intégralité de l'entretien.
Bonjour M. le ministre Gilbert Bawara. Vous avez annoncé récemment la fin du travail des médiateurs et dit qu'ils n'étaient plus les bienvenus au Togo. Mais ce sont les représentants des médiateurs qui ont travaillé et ont annoncé la date du dialogue. Que peut-on dire sur cette situation ?
Gilbert Bawara : Je ne suis pas certain que vous pourriez trouver une déclaration de ma part disant que les médiateurs étaient des persona non grata au Togo. Je vous encourage à éviter de dire des choses inexactes surtout si vous les mettez dans ma bouche ou si vous me les attribuer.
J'avais dit qu'au sommet de la CEDEAO à Abuja, les chefs d'Etat avaient estimé que la situation au Togo ne nécessitait pas la désignation formelle d'un médiateur ou d'un facilitateur; qu'en revanche tous les dirigeants de la sous région, notamment nos voisins que sont le Ghana de même que le Burkina Faso, le Bénin et tout autre dirigeant susceptible d'apporter sa contribution dans les efforts de rapprochement des acteurs politiques et dans les initiatives pour favoriser et soutenir le dialogue inter-Togolais, sont les bienvenus.
Je n'ai pas du tout changé de position. Je voudrai vous dire ceci: la tentation de rentrer dans une forme de formalisme poserait des problèmes. L'attitude de certains du côté de la coalition pourrait être perçue comme une attitude désobligeante ou contrariante si nous nous lançons dans cette voie.
Vous savez, quotidiennement, certains acteurs notamment de l'opposition interpellent des dirigeants de la sous région sans que ces dirigeants aient été nommés comme facilitateurs ou médiateurs. Nous, nous accueillons favorablement tous les efforts et toutes les initiatives qui sont de nature à rapprocher les acteurs politiques togolais et à nous aider à nous mettre autour d'une table pour dialoguer et échanger pour rechercher les solutions au problème de réformes politiques.
Je veux vous donner un exemple. Monsieur Alpha Condé en sa qualité de président en exercice de l'Union Africaine avait parfaitement le droit et la responsabilité de chercher à s'informer sur toute situation qui se développe sur le continent et autant que faire se peut, chercher à aider. Mais aujourd'hui, il n'est plus président en exercice de l'Union Africaine. Pour autant, nous continuons à accueillir avec bienveillance les initiatives et les efforts qu'il peut engager.
Aujourd'hui c'est le président rwandais Paul Kagamé qui est président en exercice de l'Union Africaine. S'il advenait qu'il cherche à mieux s'informer de la situation au Togo en ayant des contacts avec le gouvernement ou avec les partis politiques de l'opposition, personne n'aurait rien à redire. Et dans la sous région de la CEDEAO je voudrai vous dire qu'il y a autant de président, au-delà des présidents du Bénin, du Burkina Faso ou du Ghana qui s'investissent pour la résolution du problème togolais, mais dans l'anonymat.
Même il y a des personnalités togolaises, notamment religieuses qui sans faire du bruit, nous encouragent les uns et les autres, à faire preuve de modération et d'ouverture et à nous engager sur la voie du dialogue. Et en réalité c'est toute la population togolaise qui nous encourage à sortir des rigidités, des querelles de crochets pour mettre en avant l'intérêt du pays.
Vous avez dit qu'il y a des personnalités togolaises et des chefs d'État qui s'impliquent activement dans la résolution de cette crise. Qui sont-ils?
Je vous dis que les initiatives des présidents Alpha Condé et Nana Akufo-Addo sont intervenues avec le plein soutien et la bénédiction du gouvernement.
Je ne veux donc pas rentrer dans des polémiques qui n'ont pas lieu d'être. La date du 15 février est retenue pour l'ouverture du dialogue mais l'opposition exige toujours la satisfaction de ses préalables. M. le Ministre, allez vous répondre favorablement aux revendications de l'opposition avant l'ouverture du dialogue ?*
Moi je n'ai pas de raison de douter de la bonne volonté et de la bonne foi de tous les acteurs à agir dans le sens des engagements réciproques et concomitants qui ont été pris à travers le communiqué des ministres Kan-Daapah et Tibou Kamara. Le gouvernement, comme par le passé, œuvrera en vue de créer toutes les conditions propices au dialogue et aux pourparlers politiques. Bien entendu, les Togolais et nous mêmes, estimons que l'opposition doit également se comporter de cette manière et travailler de telle sorte que les conditions soient parfaites le 15 février prochain pour que nous puissions nous asseoir autour d'une table pour discuter des problèmes de fond.
L'apaisement nécessite des gestes et des pas de parts et d'autres. Mais on estime que le gouvernement rechigne à faire la preuve de sa bonne volonté en libérant les personnes encore en détention.
Le gouvernement a toujours fait des pas. Vous vous souvenez le 06 novembre 2017 lorsque le gouvernement a rendu public un communiqué annonçant un certain nombre de mesures d'apaisement et de décrispation. Dans la foulée, ces mesures ont été précisées et traduites en actes.
Le 07 décembre, lorsque le gouvernement a fait une déclaration annonçant des mesures, dès le lendemain les imams de Sokodé et de Bafilo ont été libérés. C'est pour dire que le gouvernement n'a jamais été pris à défaut dans sa volonté et dans sa bonne foi. On ne peut pas en dire autant de autres acteurs.
Nous faisons confiance à nos interlocuteurs de l’opposition, nous leur faisons confiance. Nous sommes certains que les jeux de positionnement interne vont définitivement cesser et que nous allons avoir à l’esprit l'intérêt de notre pays, l'intérêt général. Nous allons oeuvrer de parts et d'autres pour créer les bonnes conditions pour un dialogue serein et un dialogue fécond.
Cela veut-il dire que dans les jours à venir, nous allons assister à d'autres libérations?
Ne me pousser pas à vous dire des choses démagogiques, populistes et mensongères. Il me faudra beaucoup de temps pour apprendre l'art de la démagogie et du populisme. Ceux qui en sont les chantres, et ceux qui en sont les spécialistes, vous pouvez leur poser ces genres de questions.
Nous sommes un gouvernement sérieux et responsable et chaque fois que nous nous sommes engagés, lorsque nous avons donné notre parole, nous avons agi de manière cohérente et les actes ont suivi.
Je vous dis tout simplement que le gouvernement togolais est un gouvernement qui respecte les efforts déployés par les dirigeants de la sous région et quand on respecte ces efforts et ces initiatives, on ne peut pas se soustraire aux engagements qui ont été pris dans le cadre des échanges et des conciliabules avec ces dirigeants. Donc soyez rassurés, le gouvernement sera cohérent et agira dans le sens de l'apaisement et de la description.
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Publié dans Interviews
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