Dossier : INAM, les bénéficiaires n'en parlent qu'en bien…
©Afreepress-(Lomé, le 22 décembre 2016)- Quatre (4) ans après son lancement, l’Institut National d’Assurance Maladie a vaincu les derniers doutes aussi bien sur son utilité que sur sa pérennité. Tous les acteurs impliqués dans ce programme destiné à faciliter l’accès aux soins de qualité aux Togolais, des bénéficiaires aux professionnels dont 1065 centres de santé conventionnés, 6 028 prescripteurs et 250 pharmacies partenaires, partagent l’idée d’un bilan positif même s’ils souhaitent quelques réformes, pour améliorer à terme le dispositif.
En 4 ans d’activités, ce sont plus de 350 000 personnes qui bénéficient des prestations de l’INAM et plus de deux millions de consultations. L’assurance maladie est à l’origine de l’augmentation du taux de fréquentations des hôpitaux et centres de santé. De fait, la prise en charge des frais de santé induit que des gens consultent plus tôt et les infections sont détectées ou gérées assez rapidement, entrainant par conséquent la diminution de certaines pathologies comme l’Accident Vasculaire Cérébral ( AVC) ou l’hypertension chez certains bénéficiaires.
De fait, une majorité des assurés met en avant l’accès aux soins, relevant qu’ils ne se seraient pas fait soigner de certaines pathologies, si l’assurance obligatoire n’avait pas existé, à cause de leur coût. « L’INAM présente beaucoup d’avantages pour nous agents de la fonction publique. Il nous permet de nous soigner sans penser à notre portefeuille ni nous soucier des dépenses de santé sur notre pouvoir d’achat général » confie Jean-Luc AKPODA, infirmer d’Etat.
Ce que confirme Fallaballaki KELEKI fonctionnaire au ministère du Commerce qui relève pour sa part le caractère presque « indolore » du prélèvement et la constante amélioration des services proposés : « l’INAM nous permet de nous soigner sans que nous ne sentions le poids des frais. La retenue à la source n’est pas du tout perceptible par le fonctionnaire. L’amélioration des services est régulière comme par exemple la multiplication des partenariats avec les hôpitaux et les pharmacies ; ce qui nous évite de longs moments d’attente. » La satisfaction est la même chez Mme Emefa DOGBATSE, épouse de fonctionnaire dont l’enfant est hospitalisé à la clinique de Woétrivikondji à Lomé : « normalement je devrais payer 1000 FCFA pour la consultation. Mais comme l’enfant n’a pas encore 5 ans, je n’ai rien eu à débourser » a-t-elle confié devant la salle de consultation.
Elle a assuré que quelques années auparavant et avant l’institution de l’INAM, il était très difficile pour sa famille de se soigner une fois la moitié du mois franchi, le budget du couple ne le permettant pas. « Aujourd’hui nous allons facilement et plus vite à l’hôpital » révèle-t-elle. Idem chez cet employé du ministère de l’Economie et des Finances, rencontré dans les couloirs du CASEF, qui témoigne : « en 2013, j’avais subi une opération chirurgicale et la boîte pharmaceutique avoisinait 400 000 FCFA. L’INAM a pris en charge une partie et le reste m’est revenu autour de 100.000 FCFA. L’hospitalisation me coûtait 2000FCFA/jour dont 1600FCFA payés par l’INAM. Comment aurais-je pu m’en sortir sans cette assurance ? » s’est-il interrogé.
Outre les fonctionnaires encore en activité, l’INAM couvre aussi les retraités qui manifestent également leur satisfaction. Comme Théophile JOHNSON: « plusieurs retraités comme moi ne pouvaient pas se soigner ; encore moins envisager des soins de qualité. Simplement parce que nos pauvres pensions ne nous le permettaient pas.
Ce qui a pour conséquence le décès prématuré de certains amis et camarades. Aujourd’hui, avec 3,5% prélevés sur nos pensions, nous avons droit à des soins. Notre espérance de vie s’en trouve rallongée » déclare-t-il.
Tous ces témoignages sont corroborés par le Dr Abass Ben Tchédré DJOBO. « Avec INAM, les patients n’ont plus peur de venir dans nos structures sanitaires. Avant, il fallait pour beaucoup qu’ils soient presque à l’article de la mort ou que leurs méthodes Coué aient échoué pour venir chez nous. Aujourd’hui ce n’est plus le cas », constate le directeur du District sanitaire N°1 de Lomé commune. Et de relever que la bonne santé est un indicateur fort intéressant pour le développement d’un pays.
ENTENTE PREALABLE :
Dans ce concert de satisfécits, se glissent tout de même quelques bémols, relatifs surtout à l’entente préalable mais dirigés également vers les prescripteurs. Ceux-ci sont les personnelles médicales habiletés à prescrire les médicaments aux assurés. Et ils ne peuvent le faire en dépassant un certain seuil sans l’accord de l’INAM : c’est l’entente préalable.
- AFFOH, un fonctionnaire déplore qu’au-delà des heures de service et les weekends, les bureaux de l’INAM soient fermés alors qu’on a besoin d’eux pour l’entente préalable.
La recommandation est qu’à l’instar des pharmacies ou des hôpitaux, l’INAM assure également une permanence. Pour Fofo GAGBAN, fonctionnaire au CASEF, l’INAM doit « améliorer ses services par rapport à l’entente préalable et à la prise en charge de certains produits. Les délais sont parfois trop longs à cause des divergences entre l’INAM et l’hôpital sur l’avis favorable ; ce qui fait traîner l’entrée en possession desdits médicaments. » Il note la subvention inéquitable des produits pharmaceutiques, et la mauvaise exécution de contrats par certaines institutions partenaires de l’INAM.
«Parfois, la clinique où vous allez vous informe n’être pas partenaire avec l’INAM ; ou que celui qui s’occupe des relations avec l’institution est absent ou encore qu’il n’y a pas de connexion avec le serveur de l’INAM ». regrette pour sa part M. ASSOGBA qui soulève aussi les tracasseries relatives aux papiers et propose leur réduction. Tous sont unanimes pour souhaiter l’extension de l’assurance maladie à tous les secteurs, notamment les employés du secteur privé.
LUTTE CONTRE LES MEDICAMENTS DE RUE :
L’un des autres effets positifs induits de l’arrivée de l’INAM est la lutte contre les médicaments de rue, dont la côte tend à baisser considérablement auprès des fonctionnaires et autres agents de l’Etat. Etant entendu qu’ils ont aujourd’hui un accès aux médicaments à des coûts réduits. «Grâce à l’INAM, le trafic des faux médicaments a considérablement diminué. Chaque assuré peut profiter du service en cas de besoin » indique par exemple le Dr Innocent N’SOUGAN.
Ce que confirme ce fonctionnaire croisé à la sortie de la pharmacie du Boulevard : « le traitement de mon enfant drépanocytaire revenait cher. Je m’étais donc tourné vers les tradi-thérapeutes. Je me suis fait plusieurs fois gruger. Finalement, l’arrivée de l’INAM nous soulage et nous sauve presque la vie » confie-t-il. Autre acquis à mettre à l’actif de l’INAM : l’uniformisation des prix.
L’AVIS DES PROFESSIONNELS :
Pour permettre une prise en charge de ses assurés dans un cadre légal, des conventions de partenariat ont été signées entre l’INAM et la Direction Générale pour l’ensemble des formations sanitaires publiques ; puis entre celui-ci et l’Ordre National des Pharmaciens Privés, l’Ordre National des Chirurgiens-dentistes et l’Ordre des Médecins du Togo.
L ‘INAM réalise tout d’abord une visite de prospection du prestataire pour évaluer ses capacités dans les domaines tels que les infrastructures, les matériels et les équipements, les ressources humaines, les paquets de prestations.
Ensuite, le prétendant partenaire constitue un dossier, composé en général de l’agrément du ministère de la santé, de l’attestation de l’ordre, de l’attestation professionnelle ou du diplôme, de la carte d’opérateur économique, qu’il dépose à l’INAM.
Le centre est formé sur l’utilisation des outils de travail de l’institut et un contrat est signé entre les deux parties si le dossier du postulant est accepté.
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Selon plusieurs partenaires de l’institut dont par exemple le Dr Raoul KPATCHA, qui tient la pharmacie YEM BLA, « l’assurance maladie est un très bon outil. Il contribue à la bonne santé des fonctionnaires qui, autrefois, pratiquaient l’automédication. » La totalité des partenaires apprécie par ailleurs la collaboration avec l’institut notamment la rapidité et l’effectivité dans le remboursement.
Pour le remboursement des prestations, a chaque fin du mois, l’INAM verse directement sur le compte de ses partenaires ce qu’il leur doit. Selon le Dr DJOBO, les professionnels avaient eu pourtant des appréhensions, craignant une baisse de leurs recettes. C’est plutôt le contraire qui s’est produit avec l’augmentation de la fréquentation des structures sanitaires. « Nous avons davantage de clients qu’avant parce que chacun vient en se disant qu’il va trouver la majorité des produits que le médecin lui a prescrits. Je peux vous assurer qu’actuellement, 50% de nos clients sont des assurés de l’INAM. Pour répondre à leurs attentes, deux postes sont exclusivement dédiées pour eux », nous a confié notamment le Dr KPATCHA, selon qui, l’INAM a permis une augmentation de son chiffre d’affaires, même s’il souhaiterait que le règlement s’opère de manière plus diligente. Un de ses confrères parle d’un partenariat gagnant-gagnant tant pour les bénéficiaires que pour les prestataires. La totalité des partenaires apprécient l’utilité et l’efficacité de l’INAM.
Le refus catégorique de la prise en charge des traitements liés au confort du patient et l’entente préalable sur la qualité ou la nature de certains produits ou traitements consolident la collaboration entre les différentes parties. Les partenaires exhortent donc les responsables de l’institut à améliorer l’outil de travail, constitué des tas de documents que parfois les souffrants oublient d’apporter avec eux.
VOLONTE POLITIQUE :
Pour rappel, la mise en place du régime d’assurance maladie relève d’une volonté politique et de l’engagement du gouvernement à faciliter l’accès aux soins de qualité aux Togolais. Il s’agit de traduire dans les faits les différentes conventions internationales en matière de protection sociale signées par le Togo, de même que les dispositions constitutionnelles relatives à l’épanouissement et au développement de chaque personne.
Le gouvernement entend ainsi œuvrer à l’amélioration des conditions de vie des Togolais à travers la couverture maladie, instituée le 18 février 2011 par la loi N°2011-003 qui rend obligatoire pour les agents de l’Etat une assurance maladie. C’est un régime contributif qui couvre les agents publics et assimilés, en activités ou à la retraite.
Pour mettre en œuvre cette assurance maladie obligatoire, le gouvernement a créé l’INAM par décret N° 034-2011/PR du 19 mars 2011, confiant à celui-ci la couverture des risques. Ces dispositions ont été complétées par les décrets N° 2011-032/PR et 2011-35/PR qui fixent respectivement les modalités de paiement des cotisations et le régime de partenariat entre l’INAM et les formations sanitaires.
La mission de l’INAM est donc d’assurer la couverture des risques liés à la maladie, aux accidents et maladies non professionnelles et à la maternité des agents publics et de leurs ayant droits. A ce titre, et dans le souci de faire soigner en préservant les revenus des ménages, il organise la filière de soins de santé dans le cadre d’un partenariat qui le lie avec les différents acteurs. Ceux-ci sont au nombre de 4 :
- l’Etat togolais qui par sa volonté politique, a mis en place le régime, assure son financement par le versement des cotisations en tant qu’Etat employeur et donne les grandes orientations,
- le ministère de la santé, acteur indispensable qui assure l’offre de soins dans le cadre d’un partenariat bien défini,
- les ordres professionnels de la santé qui à travers leurs structures assurent également la prise en charge des assurés dans les centres de santé privés et
- les assurés qui sont au cœur de toutes actions menées par l’ensemble des autres acteurs.
La gouvernance de l’INAM est bâtie autour du Conseil de Surveillance qui veille à la mise en œuvre des orientations définies par le gouvernement dans le domaine de l’assurance maladie ; du Conseil d’Administration qui assure la bonne exécution des missions assignées à l’INAM ; et de la Direction Générale qui assure la gestion courante et est placée sous l’autorité d’un Directeur général nommé par le Conseil d’Administration.
A propos de la directrice Myriam DOSSOU, de l’INAM récompensée par le CIMA
Le Conseil international des managers africains (CIMA) a distingué la directrice générale de l’Institut National d’Assurance Maladie(INAM), Mme Myriam Dossou, le 10 décembre dernier à Paris au cours du gala de Leadership des Managers Africains.
Représentant le Togo à cette tribune qui récompense une trentaine de managers du continent, qui se sont distingués par la qualité de leur leadership, Mme Dossou a été honorée du prix de l’oscar de l’Excellence et du leadership.
Cette distinction est le fruit du travail laborieux et de la dynamique impulsée par cette quadra à l’INAM (un établissement public créé en mars 2012 avec pour mission d’assurer la couverture des risques liés à la maladie, aux accidents et maladies non professionnelles et à la maternité des fonctionnaires, et de leurs familles), commente un proche de la directrice générale.
Titulaire d’un MBA, en management d’entreprise d’assurance, Myriam Dossou, qui a fait ses armes au sein du groupe NSIA, où elle a dirigé le département NSIA Participations Holding, a pris la tête de l’INAM dès sa création.
En rappel, le gala du Leadership des Managers Africains a mis fin à la 23ème conférence annuelle du forum économique de l’Afrique gagnante qui s’est tenue du 9 au 10 décembre dernier à Paris sur le thème: l’Afrique en pleine mutation.
Cet événement est organisé par le CIMA qui se définit comme le pionnier dans l’organisation des rencontres économiques pour renforcer l’image d’une Afrique Gagnante.
Source : Focus Info N°171
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