Dossier/La mode du tatouage et ses conséquences pour la jeunesse togolaise
©Afreepress-(Lomé, le 13 février 2018)- Longtemps considéré comme une pratique déviante, le tatouage est en train de prendre sa revanche. C’est une mode de plus en plus en vogue et les jeunes togolais n’hésitent plus afficher fièrement leurs tatouages dans la rue ou en public. Ces images sont le plus souvent affichées à des endroits particuliers du corps. Le bras, le bas ventre, le torse ou le cou sont les parties du corps humains les plus sollicités pour accueillir des images et les jeunes élèves des écoles primaires et des lycées de la place ne sont pas en marge de cette mode.
Au Lycée Lomé Port, Elisabeth a fait de son dos, un tableau d’affichage de l’image d’un poisson géant. « J’adore les tatouages parce que pour moi, ils sont l’expression de ce que nous sommes ou voulons être. Ce poisson dans mon dos, représente mon signe astrologique », a-t-elle indiqué avec grand sourire à l'Agence de presse Afreepress.
Phénomène culturel porté par des milliers de personnes, le tatouage véhicule pour ses adeptes, des informations et valeurs. Il peut jouer le rôle de panneau de signalisation et donne des renseignements sur le tempérament ou les centres d’intérêts de ceux qui le porte.
« J’ai gravé sur mon épaule, le nom et le titre de la chanson préférée de mon artiste. C’est Mickael Jackson », a laissé entendre Amen Koudjoué, jeune lycéen de 15 ans. Ils sont nombreux, ces adolescents qui ont recours au tatouage et utilisent cet art pour exprimer à leur dulcinée, leurs sentiments.
Un métier qui nourrit son homme
C’est avec de la poudre noire appelée Bigen, de l’eau, du coton et des aiguilles, que les tatoueurs exercent leur métier.
Le salon de Boukari, l’un des tatoueurs les plus connus de Lomé ne désemplit jamais, surtout les week-ends. «Les femmes viennent poser leur tatouage chez nous parce qu’elles sont toujours attirées par cet art. C’est avec précision que nous dessinons sur leur corps. Je peux avoir 30 clients avant la fin de la journée. J’exerce ce métier il y a cinq ans », explique Fogan, un autre tatoueur. « C’est un phénomène de mode, mais il y a aussi le savoir-faire. Je ne regrette pas, car j’ai appris ce métier chez un frère qui est rentré du Liban », explique-t-il.
Les risques du tatouage
Selon les spécialistes, les personnes qui désirent faire recours au tatouage, doivent s’adresser à un dermatologue pour s’assurer de l’état de leur peau et être sûres que le tatouage ne présente aucun risque pour elles. Il est plus difficile, une fois la peau tatouée, selon Pr Tchangaï-Walla Kissem médecin Dermatologue-Vénérologue, de dépister des problèmes.
Le tatouage, selon cette spécialiste, présente aussi des risques énormes de contamination ou de maladies transmissibles pour ses adeptes. Elle met l’accent sur le fait que la plupart des tatoueurs n’utilisent que les mêmes outils de travail.
Aujourd’hui au Togo, ajoute-t-elle, il est difficile de se débarrasser des tatouages lorsqu’on en veut plus. Et les jeunes amoureux qui se font tatouer le nom et les images de leur petit ami sur le corps, peinent à se débarrasser de ces images une fois cette relation terminée.
Le tatouage est aussi interdit aux personnes diabétiques, car elles sont plus exposées aux infections de tous genres, fait savoir Pr Tchangaï-Walla qui s’adresse aux personnes qui ont une peau très sensible et qui sont particulièrement soumises aux allergies et aux réactions cutanées. Ces personnes devraient également s’abstenir.
Une pratique condamnée par les religieux
Le tatouage selon le Pasteur Joseph Douceur Agbo, « lie le tatoueur à des entités ou à un démon et empêche ce dernier de rentrer en relation avec Dieu», fait-il savoir et de citer des passages bibliques pour corroborer ses affirmations. Il se réfère particulièrement au livre de Lévitique 19 : 28 qui dit : « vous ne ferez point d'incisions dans votre chair pour un mort, et vous ne vous ferez pas de tatouages. Moi, je suis l'Eternel ».
Selon l’Ecclésiastique, certaines personnes s’adonnent au tatouage dans le but d’afficher leur identité ou affirmer leur différence sociale. « Mais la plupart de ceux qui font les tatouages sur leur peau finissent par le regretter lorsqu’elles sont à la recherche d’un emploi ou lorsqu’elles sont dans un groupe plus réservé », fait-il savoir.
Théophile Kponhinto
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