vendredi, 07 octobre 2016 07:16

Interview de Mme Awa NANA DABOYA : « le médiateur a la responsabilité de donner à l’Etat, « un regard humain » en invoquant l’esprit des lois

    Interview de Mme Awa NANA DABOYA : « le médiateur a la responsabilité de donner à l’Etat, « un regard humain » en invoquant l’esprit des lois

    ©Afreepress-(Lomé, 06 oct. 2016)- La présidente du Haut-commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN), Awa NANA DABOYA n’est plus à présenter aux Togolais. Anciennement présidente de la Cour de Justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la native de la préfecture de l’Oti, préside aujourd’hui le HCRRUN. Elle est également Médiateur de la République.

    Quelles sont ses missions et responsabilités en sa qualité de Médiateur de la République ? Quelle est la nature de ses relations avec les populations à la base ? Quelles sont les difficultés qu’elle rencontre dans cette mission et surtout quel est le sort qui est réservé aux recommandations issues de la grande rencontre du HCRRUN consacrée à l’épineuse question des réformes politiques au Togo?

    Sans langue de bois, Mme Awa NANA DABOYA répond à ces principales interrogations dans l’interview à suivre.

    Lire l’intégralité de l’entretien.

    Bonjour Mme Awa NANA DABOYA. On vous connaît plus comme présidente du HCRRUN mais vous êtes également médiateur de la République.

    Quelles sont les missions et responsabilités d’un Médiateur de la République ? 

    Mme Awa NANA DABOYA : Un Médiateur de la République est une autorité administrative indépendante, qui a pour mission d’aider les citoyens/les administrés à résoudre les problèmes qu’ils rencontrent avec une administration, que ce soit une administration publique ou une collectivité territoriale publique  ou un établissement public. Bref tout organisme de service public (Etat, ministère, école, hôpitaux…). Par ailleurs, le Médiateur de la République a pour responsabilité de faire établir l’équité, de faire respecter la loi. Un recours pour le citoyen et un conseiller pour l’administration, le médiateur a la responsabilité de donner à l’Etat, « un regard humain » en invoquant l’esprit des lois. Il vise à asseoir  et conforter un cadre normatif pour l’Etat et constitue une voix d’écoute pour les populations.

    Légèrement différent du simple militant des droits de l’homme, le Médiateur de la République outre d’être un défenseur des droits humains, est un acteur de la démocratie dans un Etat de droit, à ce titre, il  a la responsabilité de suivre et exercer une pression positive et continue sur l’Etat  et ses démembrements afin qu’ils remplissent leurs obligations à l’égard des droits de l’homme et des normes internationales souscrites par l’ Etat.

     Vous avez accueilli à Lomé du 18 au 24 septembre dernier les Médiateurs de la République de l’espace UEMOA. De quoi a-t-il été question au cours de vos travaux?

    Mme Awa NANA DABOYA : Il s’est agi de remercier et de féliciter le gouvernement togolais pour son engagement à asseoir une médiature, entrant ainsi de manière définitive dans le concert des «  grandes nations civilisées » selon la formule consacrée de la Cour Internationale de Justice.

    Il s’est agi également  de deux réunions préparatoires d’une conférence internationale sur les crises et dysfonctionnements des systèmes éducatifs dans l’espace UEMOA et d’un séminaire sur le civisme et la médiation institutionnelle dans l’espace UEMOA en 2017 à Cotonou et à Ouagadougou.

    Le travail de médiateur de la République est-il aisé vu les oppositions et incompréhensions récurrentes entre les citoyens et l’administration publique ?

    Mme Awa NANA DABOYA : Justement, d’où le savoir-faire et les qualités requises car le  Médiateur de la République doit d’abord être une personnalité de haute qualité et de notoriété acquise, de probité morale et de respectabilité, une personne administratrice mais « qui n’ait  plus maille à partir avec l’administration », il se doit d’être une personne de médiation, d’intercession et d’interposition admises c’est-à-dire de neutralité à tout point de vue. Aussi, même s’il a une opinion politique il ne peut appartenir à une partition politique, ni militer pour un groupe politique et doit toujours proposer ses recommandations de façon objective et équitable, en tout cas en respectant la légalité et l’esprit des lois.

    Les populations font-elles réellement recours à votre arbitrage ou y a-t-il beaucoup d’hésitation de leur part?

    Mme Awa NANA DABOYA : Je dirai que pour l’heure, le Médiateur de la République au Togo n’est pas connu ou est très peu connu, sans oublier que la double responsabilité du Médiateur et de présidente du Haut-commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) fait que cette deuxième mission occupe beaucoup le temps, en raison de l’urgence dans cette mission. Mais avec la mission de l’Association des Médiateurs des Pays membres de l’UEMOA qui est apparue comme une mission de lancement des activités du Médiateur, nous pensons que les requêtes vont augmenter. Sinon, pour l’heure il convient de signaler qu’en 18 mois nous avons enregistré 32 requêtes mais n’avons pu traiter que le tiers. C’est un travail de longue haleine qui nécessite du personnel et des ressources matérielles, financières, logistiques qui font encore défaut.

    Après la grande rencontre organisée par le HCRRUN autour de la question des réformes politiques au Togo du 11 au 15 juillet dernier  à Lomé, les populations espèrent toujours une suite aux recommandations. Où en êtes-vous actuellement ?

    Mme Awa NANA DABOYA : Où en est-on, la question mérite d’être posée à l’autorité de destination des recommandations de l’atelier sur les Réformes politiques au Togo. Toutefois ce que je peux dire c’est que notre pays et ses autorités  se préparent à cette grande conférence sur la sécurité maritime. Tous les efforts et pensées sont occupés par cette conférence ; aussi ce que le HCRRUN peut faire c’est de préparer le terrain à donner suite aux recommandations de l’atelier après que la conférence sur la sécurité maritime sera finie. Nous pensons que l’autorité sera plus attentive à cette attente, après qu’elle aura été dégagée, après que les rideaux seront tombés sur la conférence. C’est dommage mais en politique il y a « des priorités plus prioritaires » que d’autres. Il faut être patient et souhaiter succès à la conférence sur la sécurité maritime. Ce sera un atout pour notre pays qui va entrer dans l’histoire de l’Afrique une fois encore avec de bons hospices et de beaux souvenirs pour le développement de notre  continent.    

    Propos recueillis par A.Y.

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