© Afreepress (Lomé, le 8 août 2012) —
Le ministre de la Santé Charles Kondi Agba a effectué du 4 au 8 août, une visite de travail au sein des Comités de gestion de santé (COGES) installés à Lomé et à l’intérieur du pays, a appris Afreepress.
Cette tournée du nouveau ministre de la Santé entre dans le cadre d’un programme de prise de contact et d’évaluation du travail abattu par les membres des COGES, programme élaboré par l’équipe du Pr Charles Kondi Agba en vue de toucher du doigt la réalité du travail effectué par les agents émargeant sur les budgets des COGES.
Il a été constaté, relèvent les techniciens de ce ministère, que la plupart des COGES n’existent que sur le papier. « Il a été constaté beaucoup d’irrégularités sur le terrain. Nous avons remarqué que les COGES n’existent pas formellement dans nombre de localités du Togo. Nous avons aussi remarqué que dans certaines localités, les agents dits des COGES passaient plus de temps au champ que dans les hôpitaux où ils sont recrutés. La plupart de ces agents n’ont ni dossier, ni fichier d’identification et rares sont ceux qui sont nantis d’un diplôme d’État », soulignent ceux-ci.
Le ministère de la Santé met particulièrement l’accent sur le « gonflement des effectifs des COGES », méthode observée au lendemain du versement aux COGES par l'État, du premier appoint annuel de 180.000 F CFA. « Au cours de la période 2009-2011, nous avons remarqué un accroissement exagéré du nombre des recrutements. On note que les COGES ont délibérément recruté du personnel dans l’intention de leur faire bénéficier des appoints annuels accordés par l’État au personnel de la santé », a dénoncé la délégation conduite par le ministre de la Santé.
Cette situation a été également relevée au centre de santé d’Amoutivé, où entre 2009 et 2011, plus de quinze (15) employés recrutés par la communauté sont venus s’ajouter aux treize (13) agents émargeant depuis longtemps sur le budget du COGES Amoutivé.
Selon Etta Koffi, Directeur préfectoral de la santé, « l’octroi des primes au personnel de santé ne prend pas en compte les agents qui sont gérés par les COGES. Ils doivent continuer par percevoir les 3000 F de prime de garde et d’astreinte. Les nouvelles primes ne concernent que les agents inscrits au budget autonome et ceux qui émargent au budget général. Tout le monde sait que c’est comme cela que ça fonctionne », indique ce dernier qui précise que c’est par rapport aux recettes des différents centres qu’il est décidé comment recruter le personnel. « Nous avons effectivement constaté que sur les deux dernières années, le nombre d’agents recrutés a augmenté. Par exemple à Amoutivé, les agents qui étaient au nombre de 13 se sont retrouvés à 28. Étant donné que nous ne maîtrisons pas totalement le processus de recrutement de ces agents, il est difficile de dire automatiquement que l’État devrait leur verser des primes », fait observer celui-ci.
Cette position est partagée par le président du COGES de la localité, Hlomatsi Georges qui rejette la responsabilité de l’État dans la prise en charge des agents recrutés à titre discrétionnaire par les communautés. « On ne peut jamais dire qu’obligatoirement, l’État doit prendre en compte les agents COGES. C’est celui qui a recruté l’agent qui doit le payer », indique ce dernier.
« Ce sont les responsables des centres qui nous signalent leurs besoins en terme de personnel. Ce sont les COGES qui recrutent le personnel nécessaire pour ces centres. Nous ne devons pas faire peser toutes les charges sur le ministère. En principe, c’est celui qui recrute qui doit payer les primes. Je propose que l’État et les communautés réfléchissent ensemble pour trouver une solution à ces problèmes de primes », conseille M. Hlonmatsi.
Depuis quelques jours, un bras de fer s’est installé entre le principal syndicat des médecins du Togo, le Synphot et le ministère de la Santé sur le sort à réserver à ces agents dits des COGES. Selon le syndicat, l’État devrait prendre en compte ces personnes dans l’octroi des primes annuelles de 180.000 F CFA, chose que conteste le ministère en charge des questions de santé au Togo.
En vue de faire plier le gouvernement togolais sur ses exigences, le Synphot projette une grève dans le secteur de la santé les 16 et 17 août prochains.
Le syndicat demande entre autres le payement des primes de risque et de contagions aux agents des COGES, le reversement de tous les agents contractuels sur le budget général de l’État, l'extension des opérations d’audit à toutes les formations sanitaires du Togo, l'adoption des statuts généraux de la fonction publique devant permettre aux agents de la santé de bénéficier d'un statut particulier.