© Afreepress (Lomé, le 05 juillet 2013) — Le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH) est fortement impliqué dans la défense et la protection des droits de l’Homme en période électorale. Pour se faire, le HCDH a procédé au lancement le 25 juin dernier d’une plate-forme internet dénommée « AssereDassefo », un site internet destiné à recueillir les plaintes sur les atteintes portées aux libertés publiques et aux droits de l’Homme lors des élections à venir.
Igé Olatokoumbo (photo), représentante résidente du HCDH au Togo, aborde avec l’Agence Afreepress, les questions liées au travail de l’organisation au Togo et explique les raisons de la mise sur pied d’une telle plate-forme. Lire l’interview.
Afreepress : Vous avez lancé le 25 juin dernier le projet de promotion et protection des droits de l'Homme avant, pendant et après les élections, dites-nous en quoi consiste ce projet ?
Igé Olatokoumbo : Nous voulons renforcer le programme de monitoring que nous avons l’habitude de faire en mettant l’accent sur les questions de libertés publiques qui sont liées au processus électoral. Il s’agit des libertés d’expression, d’association, de mouvement, le droit au vote, la non-discrimination envers les citoyens appelés à participer à ces élections. Le programme a été lancé (récemment), mais le processus a été ouvert depuis.
Compte tenu de la situation actuelle qui prévaut dans le pays, nous avons estimé qu’il était important de commencer ce programme afin d’essayer de contribuer à un apaisement social. Le gouvernement a annoncé les élections pour le 21 juillet, mais il y a toujours des manifestations, des propos ou messages des uns et des autres qui préoccupent. Ce qui est important pour nous, c’est que tous les Togolais qui vont vouloir exercer leur droit de vote aient la possibilité de le faire même s’ils ne sont pas d’accord. Il faut qu’ils aient accès au processus et qu’ils participent au vote. Nous ne voulons pas qu’il y ait des agressions, nous voulons un environnement qui soit favorable au libre exercice des droits des citoyens.
Le contenu des débats politiques n’est pas notre but. Notre but c’est le respect de toutes les libertés liées au processus électoral.
Afreepress : Quelles sont les activités programmées dans votre projet électoral ?
Igé Olatokoumbo : Dans le projet électoral, nous avons différentes sortes d’activités y compris des actions de sensibilisation. Sensibilisation des acteurs comme les préfets et les chefs traditionnels et les forces de l’ordre que nous avons commencés depuis 2012. Maintenant il s’agit de veiller sur ce que va faire la FOSEL sur le terrain. Nous allons aussi faire le suivi de ce que vont faire les partis politiques et leurs représentants sur le terrain et ajouté aux activités des institutions comme la CENI et ses démembrements, des institutions chargées de veiller au bon déroulement de ces élections.
Nous faisons également le monitoring des médias sur tous les aspects de leur travail qui peuvent porter atteinte au droit de l’Homme. Nous allons faire un travail de prévention et après comme actions, nous passerons à la protection de ceux qui seront des victimes de ces violations.
Afreepress : Ne pensez-vous pas que votre action vient un peu tardivement ?
Igé Olatokoumbo : Non, nous n’avons jamais arrêté de faire notre travail. Notre projet est mis en place pour tout juste renforcer ce que nous faisions déjà. Avec les six cents (600) observateurs que nous allons déployer, nous allons être plus présents dans les coins les plus reculés du pays où il y a beaucoup de choses qui peuvent se passer sans forcement remonter à nous. C’est un travail que nous avons l’habitude de faire, mais actuellement nous voulons que la population sente que nous sommes encore beaucoup plus près d’elle.
Afreepress : Parlant du monitoring et de documentation sur les cas de violences contre les droits de l’Homme vous avez fait mention d’une plate-forme informatique de collecte et d’évaluation qui a été lancée. Pouvez-vous nous donner plus de précisions sur le fonctionnement et l’utilité de cette plate-forme ?
Igé Olatokoumbo : La plate-forme que nous avons baptisée « AssereDassefo » en utilisant la traduction du mot « témoin » en Kabye et en Ewé, est un outil qui a été développé par un groupe au Kenyan sous le nom d'« Ouchayidi ». Le système Ouchayidi est maintenant utilisé par beaucoup d’organisations non gouvernementales, gouvernementales ou membres du système des Nations Unies, un système adapté à leurs besoins. Pourquoi avons-nous décidé de l’utiliser au Togo ? Nous avons vu que du fait du développement des technologies de l’information, beaucoup de personnes utilisent Internet, les réseaux sociaux et tout ce qui est lié. La plate-forme est basée sur internet et l’idée c’est de permettre aux gens de nous joindre sans forcement passé par le téléphone ou les SMS.
Vous savez, nous sommes des Nations-Unies et pour le moment, nous avons la possibilité de sécuriser cette plate-forme. L’idée est de trouver une fois encore d’autres moyens pour permettre aux gens de nous envoyer des informations.
Comment allons-nous utiliser cela ? Dès que quelqu’un nous envoie un message par rapport à une violation de droits de l’Homme, cela tombe directement sur notre serveur et il y a des collègues qui sont chargés de se mettre à travailler sur cette information. Cela va nous permettre d’avoir une cartographie des violations des droits de l’Homme au cours de ces élections.
Afreepress : Peut-on alors dire que le HCDH accompagne fortement le processus électoral au Togo ?
Igé Olatokoumbo : Non, la question n’est pas d’accompagner le processus électoral ou pas, la question est de s’engager dans la protection des droits de l’Homme au cours de cette période. Qu’il y ait élection ou pas, qu’il y ait dialogue ou pas entre les acteurs, n’oubliez pas que les violations se poursuivent sur le terrain. Au jour le jour, on voit des gens qui demandent à faire des manifestations, des meetings et rencontres… Il faut assurer la protection des droits de ces personnes-là.
Nous avons la responsabilité est de continuer à veiller que les obligations de l’État togolais sont bien remplies par l’État togolais même sur les questions politiques, ils n’ont pas réussi ou sont en train de réussir.
Propos recueillis par Olivier ADJA