© Afreepress (Lomé, le 7 Nov. 2012) — L’événement est annoncé du 6 au 10 novembre 2012. La troisième édition de la biennale de la mode, Bimod propose encore cette année un cadre de rencontre, d’expression, d’échanges et de partage des savoir-faire des créateurs togolais et internationaux autour de la célébration de la mode togolaise et africaine. Placée sous le thème : « La mode, vecteur de paix et de progrès social », sont attendus à cette 3e édition de la Bimod, quatre mille (4 000) invités de marque.
Cette année encore, la Bimod va décerner des trophées à des personnalités nationales ou internationales qui se sont fait remarquer par leur engagement dans différents secteurs d’activités.
À quelques jours de la grande soirée du défilé de mode, Afreepress a eu le privilège de rencontrer la promotrice de l’événement, Madame Blandine SAMBIANI-BAGNAH dite Bamondi, rencontrée dans son atelier à Lomé.
Styliste, modéliste et créatrice, Bamondi revient dans cet entretien sur le bilan de l’édition 2012 et les précédentes éditions, les innovations apportées cette année et les préparatifs de la quatrième édition qui aura lieu en 2014.
Afreepress : Que peut-on retenir des deux dernières éditions de la Bimod ?
Madame Blandine SAMBIANI-BAGNAH : La première édition qui a eu lieu en 2008 a été un coup d’essai qui s’est avéré comme un coup de maître, c’est le public qui l’a dit.
On s’était rendu compte que c’est un événement qu’on a réussi à imposer grâce aux relations que j’ai tissées depuis plusieurs années puisqu’on est dans notre trentième année de métier et depuis, c’est devenu une coutume tous les 2 ans de recommencer la biennale de la mode ou Bimod 228.
L’année 2010 a été le summum parce qu’on s’est assez amélioré, on a eu plus de médias présents, de sponsors qui nous ont renouvelé leur confiance et au fil des années, on s’est imposé comme une plate forme tournante de la mode africaine. La biennale est devenue le rendez-vous du donné et du recevoir.
En cette année 2012, on veut encore lever la barre plus haut. Cette année, on a mis l’accent énormément sur l’Afrique australe où nous espérons trouver des débouchées pour nos jeunes frères créateurs et stylistes qui se lancent dans le métier.
Afreepress : Comment expliquez-vous l’attachement de beaucoup de Togolais à la mode et à la couture ?
Madame Blandine SAMBIANI-BAGNAH : C’est un métier qui est très populaire ici au Togo, vous avez plein de couturières et de tailleurs dont la moitie est assez douée et l’autre moitié s’est adonnée à cette profession à cause de l’échec scolaire ou professionnel et à tort ou à raison, ils pensent qu’on peut gagner sa vie à travers ce métier, ce qui est grave. Parce que c’est un métier de non-repos, un métier très prenant et il faut avoir les capacités manuelles et intellectuelles pour le faire. C’est un métier qui demande beaucoup d’intelligence pour l’exécuter. Cette année on a mis l’accent sur la formation parce qu’un Togolais sur trois a un membre de sa famille qui s’est adonné à la couture.
Afreepress : Quelles sont les débouchées qu’offre cette édition de la Biennale de la Mode ?
Madame Blandine SAMBIANI-BAGNAH : Les débouchées c’est l’Afrique centrale et australe où ils n’ont pas des gens formés pour cela.
En Afrique du Sud, ce sont plus des friperies qui sont vendues. En Afrique Centrale ils n’ont pas de tailleurs et couturiers comme nous, on l’a ici au Togo. C’est pour cela qu’ils représentent 50 % des invités à cette biennale pour profiter de notre savoir-faire quitte à ce qu’ils nous envoient des gens à former ici ou que nos jeunes qui aiment l’aventure puissent aller là-bas, moyennant contrat, pour monnayer leur savoir-faire.
Le Brésil et l’Asie n’ont pas tous nos produits, aux États-Unis on trouve de tout, à Sao Paulo vous ne pouvez pas trouver quelqu’un en chemise cousue en pagne. Ils ne la connaissent pas et pourtant ils sont noirs comme nous.
Le vrai problème c’est que tout le monde embrasse cette carrière, mais il manque la vraie formation et le travail bien fait. Si nos gouvernants s’impliquaient à créer des unités de formation, des lycées techniques, je crois qu’on simplifiera plus les vêtements et les rendre plus accessoiristes pour faire des sacs, des portes-monnaies, des trucs exportables, des chemises à l’occidentale avec des cols en pagnes, une note africaine avec le faire savoir Togolais et le pagne, berceau du Togo.
C’est depuis 150 ans que les Hollandais ont importé cette étoffe qui a conquis toute l’Afrique. C’est devenu une tenue traditionnelle même si le produit est vendu par des Européens.
Afreepress : Comment va se dérouler le grand défilé de cette troisième édition de la Bimod samedi prochain ?
Madame Blandine SAMBIANI-BAGNAH : Vous aurez la surprise en ce qui concerne les participants. La première partie du défilé de samedi sera présentée par dix stylistes jeunes créateurs, dont cinq (5) jeunes créateurs togolais et cinq (5) internationaux qui montreront leur savoir-faire.
La deuxième partie sera consacrée au gala de la Bimod avec la présentation du travail des seniors, des gens dont je fais partie qui montreront aussi leur savoir-faire. C’est un échange d’idées qui sera ponctué de pauses pour la remise des prix.
Vous savez que la Bimod dans sa tradition décerne un prix à des personnalités qui se sont illustrées dans leur vie par des actions sur le plan social, économique ou culturel. Cette année il y aura quatre prix dont deux pour les nanas Benz qui depuis des décennies, ont mis leur empreinte sur le plan économique avec l’exportation du pagne vers l’extérieur et qui ont beaucoup joué pour l’économie. Le troisième prix sera pour une dame qui est aussi implantée depuis des années au Togo qui est chargé des relations gouvernementales et extérieures qui font beaucoup pour le Togo et pour la sous-région et le quatrième prix sera pour un Français qui reçoit le prix de la culture pour son implication dans la mode avec ses photographies, parcourant le continent chaque fois qu’il y a des événements comme le nôtre.
Il y aura également des artistes togolais pour compléter le programme de la soirée.
Afreepress : Est-ce que la mode togolaise se vend bien à l’international ?
Madame Blandine SAMBIANI-BAGNAH : Je pense que oui, parce que beaucoup de Togolais émergent énormément en matière de mode. Il y a une grande évolution et une grande transformation dans ce que nous avions connu il y a 20 ans. L’évolution est là. Je ne pense pas que ces jeunes fabriquent pour ne pas vendre.
Notre mode est exploitable et elle le sera plus si on travaille bien. On s’est beaucoup illustré sur le continent aujourd’hui, le Togo est incontournable et cela génère des emplois, il permet aussi d’exporter la marque de notre pays à l’extérieur. C’est un signe fort qu’il y a une paix au Togo si on est capable d’initier de tel événement et de s’attendre à voir 3 000 personnes.
Il y a des stylistes qui viendront du Cameroun, du Bénin, de la Cote d’ivoire, de l’Angola. Chystalix par exemple sera là, Gilles Toure, Cisse St Moise, Éloi Sossou, Cécile Eda, tous seront à Lomé.
L’Angola sera représenté par Nadir qui viendra voir ce qu’on fait au Togo en matière de création et de mode. Des invités viendront spécialement de la Guinée Équatoriale parce qu’ils s’intéressent à ce genre d’événement. Ils verront notre savoir-faire. D’autres viendront de la France, du Ghana, du Burkina Faso...
Afreepress : On voit que vous pensez déjà à la quatrième édition de la Biennale de la mode qui aura lieu en 2014.
Madame Blandine SAMBIANI-BAGNAH : Oui et tout est là. J’espère que les partenaires seront satisfaits de la visibilité que nous leur offrirons dans la soirée du samedi et qu’ils nous accompagneront en 2014, 2016, etc. L’objectif n’est pas de s’arrêter après une, deux ou trois éditions. Non, l’objectif c’est de perdurer cet événement.
Je ne fais pas cette édition pour devenir une grande actrice ou préparer mon avenir parce qu’avec trente ans de carrière, l’avenir sera assuré. Vous verrez l’émergence de jeunes créateurs. C’est un événement national qui ne m’appartient pas, moi je suis Bamondi, l’événement s’appelle Bimod 228 donc aidez-nous à asseoir cet événement une bonne fois pour toutes pour le bien-être de la culture au Togo.
David B.