Interview de Nubukpo Komi Gotar : « Actuellement, nous avons des filles avec des grossesses dans les établissements et il y en a celles qui sont sur les bancs en train de continuer leurs études » Spécial

Écrit par  Publié dans Interviews jeudi, 05 mars 2015 13:18
Interview de Nubukpo Komi Gotar : « Actuellement, nous avons des filles avec des grossesses dans les établissements et il y en a celles qui sont sur les bancs en train de continuer leurs études »

 

© Afreepress (Lomé, le 5 mars 2015)-S’il y a un phénomène qui inquiète le gouvernement et ses partenaires sociaux nationaux et internationaux, c’est la situation qui se présente sur les grossesses précoces. Tellement le phénomène prend de l’ampleur que si rien n’est fait, il risque de s’aggraver.

 

L’Agence de presse Afreepress, face à l’intérêt que présente le sujet, a interrogé l’inspecteur de l’Enseignement secondaire général de Tsévié (IEESG-Tsévié), Nubukpo Komi Gotar.

 

Selon ce responsable de l’éducation, à Tsévié (35 km au nord de Lomé), le phénomène est remarqué dans toutes les classes de la 6ème en Terminale. Mais le plus grand nombre de ces grossesses se voit de la 6ème en 4ème.

 

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Afreepress.info : Qu’appelle-t-on grossesse précoce ?

 

Nubukpo Komi Gotar : Pour nous, une grossesse précoce signifie automatiquement le non usage des préservatifs. Une grossesse précoce est ce type de  grossesse qui se produit avant l’âge opportun. C’est une source de risque de certains cas de maladies,  notamment les Infections sexuellement transmissibles (IST), le Sida, la gonococcie, pour ne citer que ceux-là.

 

Afreepress.info : Quelle est actuellement la situation des grossesses précoces  dans votre inspection et plus précisément  dans les préfectures du  Zio et de l’Avé ?

 

Nubukpo Komi Gotar : Nous avons la situation qui concerne notre inspection c’est-à-dire l’Enseignement secondaire général de Tsévié qui couvre deux (2) préfectures,  celle du Zio et de l’Avé et par rapport à ces deux (2) préfectures, nous pourrons avoir des données globale. Globalement parlant, je dirai que les questions de grossesse en milieu scolaire actuellement  à Tsévié dans nos deux (2) préfectures sont très explicites.

 

Selon une étude, entre 2011 et 2012, on a enregistré 215 cas de grossesse précoce en milieu scolaire dans la région maritime et le  Zio. Le Zio seul enregistrait cent huit (108) cas dont  5 cas en cours primaire, soixante-dix-huit (78) au CEG, vingt-cinq (25) au lycée. Entre 2012 et 2013, la situation s’est empirée. On a enregistré 377 cas de grossesse précoce en milieu scolaire dans la région maritime dont 162 cas pour la préfecture de Zio avec vingt-cinq (25) au primaire,  cent vingt (120) au CEG et dix-sept (17) au Lycée. Entre 2013-2014, et selon les statistiques en 2013, au total 158 cas de grossesse dont 124 dans le Zio et 34 dans l’Avé. En 2014, 111 cas de grossesses dont 88 dans le Zio et 23 dans l’Avé. Ce qui a entrainé une profonde diminution l’année dernière.

 

Afreepress : Suivant les  statistiques de ces cas, dites-nous comment se présentent les grossesses précoces par classe.

 

Nubukpo Komi Gotar : C’est tellement étalé sur toutes les classes que parfois, nous sommes surpris de constater que tous les cas existent, même  en 1ère, en Terminale. Et là où se trouve la majorité, c’est de la 6ème en 4ème. Actuellement,  nous avons des filles avec des grossesses dans les établissements et il y en a celles  qui sont sur les bancs en train de continuer leurs études. D’autres,  pour des raisons qu’elles connaissent, ont dû rester à la maison.

 

Afreepress.info : Comment vous arrivez à avoir les informations nécessaires concernant les élèves qui tombent enceintes ?

 

Nubukpo Komi Gotar : En général, lorsque des cas se produisent, on ne vient pas informer les chefs d’établissement parce que ce sont  eux qui conduisent les effectifs, qui font la situation et s’aperçoivent  pour la plupart du temps qu’il y a des élèves qui ne sont plus revenus et ont carrément  abandonné les études. Parmi ces élèves,  il y a des jeunes filles adolescentes de onze (11) à douze (12) ans et d’autres de quinze (15) ans au plus. Ce sont pour la plupart du temps les camarades à ses filles qui informent qu’elles sont tombées enceintes. Voilà pourquoi elles  ne sont  pas revenues. Là,  le chef de l’établissement essaie de s’appuyer sur d’autres sources souvent parentales à la personne victime pour s’assurer qu’effectivement il y  a une situation de grossesse. Donc cela les amène à interroger la communauté, la famille de la fille s’il y a lieu et ce sont ses chefs d’établissement qui vont plutôt vers l’information.

 

Afreepress.info : Qui sont les auteurs de ses grossesses ?

 

Nubukpo Komi Gotar  : Sur le volet des auteurs de ses grossesses, majoritairement, ce sont des élèves garçons qui mettent grosses leurs camarades filles. En plus des élèves, il y a aussi les jeunes artisans dans les communautés, les conducteurs de taxi moto, bref,  des gens qui ont une activité génératrice de revenu,  selon les précisions qui sont données. Naturellement, lors d’une année,  on a eu à signaler un cas où l’auteur est un enseignant. Je crois que ça doit remonter à l’année scolaire  2012-2013. Ceci étant, les différents paramètres permettent de conclure que c’est des gens qui ont un petit moyen financier qui sont pour la plupart auteurs  de ces grossesses et toutes ses grossesses se produisent en milieux urbain démuni ou  dans des banlieues de la ville.

 

Afreepress : Qu’est-ce qui est à l’origine de ses grossesses et quelles sont les conséquences qui en découlent?

 

Nubukpo Komi Gotar : Les grossesses d’adolescentes ont leur origine dans la pauvreté, le manque d’encadrement des parents et des aînés, le refus volontaire d’utiliser les moyens modernes de contraception en général et du préservatif en particulier, les mariages d'enfants et les mariages forcés, les déséquilibres entre les adolescentes et leurs partenaires masculins s'agissant d'imposer leur volonté et l'échec des systèmes et des institutions à protéger leurs droits.

 

Cependant,  les conséquences néfastes liées à ces phénomènes sont fâcheuses car la jeune fille se trouve dans l’obligation d’abandonner définitivement ou temporairement ses études. Dans le pire des cas, on assiste à des avortements clandestins, aux dangers incalculables (infections, stérilité, mort).

 

Afreepress.info : Qu’est-il advenu de l’enseignant qui était l’auteur d’une des  grossesses précoces ? Les parents de la fille ont-ils porté plainte ?

 

Nubukpo Komi Gotar : Je dirai qu’il n’y a pas de plainte qui vienne se représenter à eux et ils font un travail purement statistique et c’est ce que nous avons eu à relever à savoir certaines  familles ne sont pas totalement en mesure de se prendre en charge et de faire face aux besoins de leurs enfants.

 

Afreepress : quelles sont les violences basées sur le genre en milieu scolaire ?

 

Nubukpo Komi Gotar : Les violences en milieu scolaire ne concernent pas spécifiquement les filles. Les violences sont très générales pour être bien scolarisées. C’est vrai que certaines formes de violences peuvent être considérées comme orientées spécifiquement tel que les  différences des hommes et des filles. Nous avons même eu à noter des cas qui en attaquent violemment les filles pour des raisons qui ne sont pas spécifiques.

 

Il faut dire que l’administration même dispose des éléments de  violence,  notamment les bastonnades à l’école, les corvées et d’autres formes de punition physique basée sur le genre.

 

Afreepress : Un mot à l’endroit des élèves sur toute l’étendue du territoire

 

Nubukpo Komi Gotar : Je fais appel à tous mes élèves qui sont sur les bancs et d’autres qui ne le sont plus de se sensibiliser entre eux, d’aller à la conquête de l’information sur les grossesses précoces en milieux scolaire, de pratiquer surtout l’abstinence parce que l’école vient en premier lieu et les autres  choses s’en suivront. Que mes jeunes sœurs comme jeunes garçons cessent de s’accoupler entre eux et de prendre la revanche sur les études pour pouvoir aller de l’avant et gagner leur vie.

 

Propos recueillis par Bernadette A.

Dernière modification le jeudi, 05 mars 2015 17:26
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