© Afreepress (Lomé, le 18 août 2015)-Le secteur agricole occupe plus de 85% de la population togolaise. Force est de constater que cette agriculture fait face à plusieurs problèmes, notamment le stockage des produits après les récoltes.
Le stockage traditionnel, moyen par lequel les paysans conservent leurs céréales (maïs, sorgho etc.) dans les entrepôts ou magasins de stockage, n’est plus aujourd’hui à la mode vu que la qualité des produits stockés est remise en cause sur le marché international.
Pour garantir cette qualité des produits, des pays font aujourd’hui recours au silo, un réservoir de stockage destiné à entreposer des produits en vrac.
Le silo assure non seulement la qualité des produits stockés mais son coût d’exploitation revient moins cher aux producteurs.
Lambert Nayanté, le patron de Calafi, une industrie de production agricole au Togo ambitionne de doter les cinq (5) régions économiques en silo de stockage de céréales.
Lire l'entretien accordé à l'Agence Afreepress.
Afreepress: En quoi consiste réellement le stockage en silo des produits agricoles?
Lambert Nayanté : Il y a des différents types de stockage que nous connaissons, le stockage traditionnel c'est-à-dire mettre les produits en sac et les déposer dans un magasin ou soit, on peut parler de stockage chez le paysan qui laisse les produits sur des paillotes et qui les met en sachets quand le besoin est là.
Mais quand on veut parler de stockage moderne, ce qui existe depuis plus de 50 ans, c’est le stockage en silo de stockage qui aujourd’hui donne plus de sécurité aux produits stockés.
Afreepress : Est-ce à dire que le stockage en entrepôt n’est plus vraiment recommandé ?
Lambert Nayanté : Quand par exemple, vous voulez stocker une tonne de maïs, il vous faut acheter un sac à 20.000 francs CFA et même plus et à ce coût vient s’ajouter le traitement des produits qui peut s’élever selon les produits entre 3.000 et 6.000 francs CFA, ce qui donne déjà un total de 23.000 FCFA. Ensuite, il faut voir le magasinage et l’utilisation des manœuvres et nous estimons que pour stocker une tonne de maïs revient à payer des frais supplémentaires de 25.000 francs CFA de plus. Conséquence, à la vente le paysan va vendre son produit de première nécessité très cher.
La deuxième preuve la plus importante, stocker un produit dans un magasin revient à calculer la température sous laquelle mettre le produit, ce qui est quasi impossible. Les produits sont exposés à une certaine humidité faisant ainsi augmenter le taux d’aflatoxine néfaste pour la santé. Par contre, les silos sont équipés de tous les systèmes permettant de régulariser la température, de dépoussiérer et de stocker le produit de manière à le retourner or qu’avec les sachets on ne peut pas les retourner car les produits sont empilés.
Je pense qu’aujourd’hui les pays qui ont réussi l’agriculture en Afrique du nord, aux Etats-Unis et un peu partout dans le monde ne peuvent pas se passer des silos.
Afreepress : Tout ceci à un coût ?
Lambert Nayanté : Bien sûr. L’acquisition des silos a un coût, mais comparé aux frais de constructions des entrepôts ou magasins qui reviennent plus onéreux.
Il faut seulement de la volonté et que les gens acceptent de stocker en s’appuyant sur des associations de producteurs des céréales.
Au sein de l’association des producteurs de chaque région, on peut estimer la production totale destinée à la commercialisation et à l’alimentation. Ces associations seront nos clients privilégiés.
Afreepress : Le paysan peut-il payer le prix de la conservation ?
Lambert Nayanté : Lorsqu’ils sont en groupement, tout revient moins coûteux.
Afreepress : A quand l’installation des premiers silos ?
Lambert Nayanté : Je viens de rentrer d’une mission où je viens de rencontrer les partenaires spécialistes dans la construction de ces silos et aussitôt que nous aurons fini toutes les discussions qui vont permettre de démarrer les activités, nous reviendrons à vous car c’est un projet très important porté par le secteur privé.
Nos problèmes ici dans l’agriculture, c’est toujours le financement pour cela nous avons lancé des projets de mécanisation et nous avons acquis sur nos propres fonds 5 tracteurs mais l’objectif c’était d’avoir jusqu’à 100 tracteurs, soit 20 tracteurs par région mais comme les banques n’ont pas voulu nous suivre en estimant que l’agriculture comporte des risques, nous pensons que stocker ne comporte pas beaucoup de risques car c’est un service payant et tout est électronique et quand vous déposez 5 tonnes de maïs, demain quand vous revenez, vous avez les 5 tonnes donc nous aurons des prix de 1 à 40 jours. L’usage des silos est très important car c’est ce qui fait que le produit est très commercialisé sur le marché international. Seuls les silos peuvent nous permettre de contrôler la qualité de nos produits et de pouvoir avoir plus de marché à l’international.
Propos recueillis par Modeste K.