(©Afreepress, Lomé le 13 juil)-
Les consultations en vue de la formation d’un nouvel exécutif au Togo viennent de débuter 48 heures seulement après la démission surprise de Gilbert Fossoun Houngbo, a appris l’Agence Afreepress.
Selon les indiscretions recueillies, Faure Gnassingbé serait lui-même aux commandes de ces consultations avec les principaux Etat-majors des formations politiques togolaises. Une rencontre avec la classe politique est prévue dans la matinée de vendredi dans les locaux de la Présidence en vue de finaliser les modalités de participation au futur gouvernement des forces politiques en activité au Togo.
Par un communiqué en date du 13 juin parvenu à l’Agence Afreepress, l’Alliance nationale pour le changement (ANC, opposition) dit « décliner » l’offre du Chef de l’Etat à discuter. L’ANC à travers ce communiqué, exprime toute son indignation de constater « qu’alors même qu’il invite les partis politiques à une discussion, le Chef de l’Etat continue par violer la Constitution et les lois du pays ».
Le parti Orange (les couleurs de l’ANC) fait savoir qu’elle ne saurait prendre part à une telle rencontre, « tant que le chef de l’Etat, continuera , en violation de la Constitution et des lois de notre pays :
• à user de violence et de brutalités policières pour empêcher les populations de prendre part aux manifestations pacifiques organisées par les forces démocratiques ;
• à maintenir en détention les personnes arbitrairement arrêtées à la suite de manifestations pacifiques des 12 et 13 juin 2012 ;
• à faire retenir par la gendarmerie, les matériels, véhicules et autres affaires injustement saisies au cours de ces manifestations pacifiques ;
• à refuser d’accéder au retour à l’Assemblée nationale, des députés ANC abusivement révoqués de leur mandat parlementaire, malgré deux arrêts de la Cour de Justice de la CEDEAO et deux décisions pertinentes de l’Union Interparlementaire (UIP) ;
• à refuser de restituer les ordinateurs, les procès verbaux et autres documents saisis au CESAL en mars 2010 par la gendarmerie nationale ;
• à priver le Président de l’ANC des libertés élémentaires d’aller et venir en le faisant assigner à résidence ;
• à le priver des libertés élémentaires d’organiser et de prendre part librement à des manifestations publiques pacifiques dans le cadre des activités normales du parti ;
• à le faire soumettre à des traitements inhumains et dégradants : agressions physiques, attaques à coups de grenades lacrymogènes et de balles à blanc, les leaders du FRAC et du CST ».
Pour finir, l’ANC précise que dans le contexte actuel, « elle n’est nullement intéressée par une participation à un quelconque gouvernement ».
Discrètement, le gouvernement de son côté commence par communiquer sur les motifs de la démission de Gilbert Fossoun Houngbo. Selon l’entourage de l’ex-Premier ministre, cette démission serait due à des divergences de point de vue sur la gestion des mouvements de contestation en cours. Le Premier ministre, rapportent ceux-ci, en a eu marre de subir l’insubordination de certains « supers ministres » qui refusent de se soumettre à ses ordres.
Depuis le 12 juin 2012 le Togo vit dans une situation quasi insurrectionnelle faite d’appels à manifestater du CST et de répression de ces manifestations par les forces de l’ordre. Une procédure judiciaire est actuellement ouverte contre 56 personnes ayant pris part à ces manifestations dont trois responsables du CST.
Selon le gouvernement, les violences occasionnées par les manifestations des 12, 13 et 14 juin derniers ont entraîné plus de 200 millions de dégâts dans la seule ville de Lomé.
47 personnes croupissent actuellement en prison dans le cadre des poursuites engagées contre elles pour « destruction de biens publics et privés » en marge de ces mouvements.
Ce dimanche, le CST a annoncé son intention de tenir un meeting d’information et de sensibilisation à l’endroit de ses militants et sympathisants au stade Oscar Anthony de Béniglato à Lomé.
Olivier A.