© Afreepress (Lomé, le 22 août 2012) —
Le collectif sauvons le Togo (CST), un rassemblement de partis politiques de l’opposition et d’organisations de la société civile a appelé mercredi, « le peuple togolais à faire sienne les dispositions de l’article 150 de la constitution », des dispositions qui lui font obligation de « désobéir à l’autorité en cas de coup de force ». « Nous invoquons l’article 150 de la Constitution qui dit qu’en cas de coup de force il revient à chaque Togolais de s’organiser pour mettre fin à cela. C’est pourquoi là où nous sommes aujourd’hui ne nous parlons plus avec personne nous demandons au peuple de prendre ses responsabilités. Nous appelons le peuple à utiliser les dispositions de l’article 150 de notre constitution pour faire partir ceux qui sont là et qui nous oppriment », a déclaré Zeus Ajavon, Coordonateur du CST en marge d’une conférence de presse tenue dans la soirée de mercredi au siège de l’Alliance nationale pour le changement (ANC, parti membre du CST).
Le coordonnateur des activités du CST a expliqué au cours se cette rencontre avec la presse, les raisons qui ont motivé le collectif à recourir à cette solution extrême : « Nous avons tout fait, nous avons tout respecté. Nous avons respecté la lettre et l’esprit de la loi de 2011. Nous avons respecté les exigences extra légales qu’ils nous ont imposées. Nous avons fait toutes les concessions possibles, mais ils n’ont pas accepté que nous allions à la place de l’Indépendance c’est pourquoi nous disons qu’ils ont la responsabilité de tout ce qui va se passer, nous invoquons l’article 150 de la constitution togolaise qui dit qu’en cas de coup de force, le peuple doit réagir. Ici nous sommes en période de coup de force permanent, il revient à chaque Togolais, à tout le monde de s’organiser pour mettre fin à cela. C’est pourquoi dès maintenant nous ne parlerons plus avec personne, nous appelons le peuple à utiliser l’article 150 de la constitution pour pouvoir faire partir ceux qui sont là et qui nous oppriment », a laissé entendre Me Zeus.
De son côté, Abass Frédéric Kaboua, le président du Mouvement des républicains centristes (MRC) se veut plus catégorique : « Faure Gnassingbé va partir, il nous a pris dans la situation d’une désobéissance civique », soutient celui-ci.
La désobéissance civique du peuple sur la base de l’article 150 de la constitution du Togo, c’est l’arme que brandissent désormais tous les leaders du CST.
C’est ce qu’a réaffirmé ce jeudi, Me Abi Tchessa, le premier responsable du Pacte socialiste pour le renouveau (PSR, opposition) invité sur une station radio de Lomé. Le président du PSR dans ces échanges avec le journaliste a insisté sur ce qu’il appelle « l’illégitimité du régime togolais ». Pour lui, « l’Assemblée nationale togolaise est arrimée au pouvoir exécutif, ce qui réduit le rôle de contrepouvoir reconnu à cette institution », ce qui constitue une « illégalité » à ses yeux.
« Nous assistons depuis un certain temps, au retour en force de la nomenklatura militaire dans les affaires politiques, alors que ce que le peuple a souhaité c’est de faire de l’armée, une armée républicaine au service de la nation et du peuple. Nous sommes finalement dans une situation de coup d’État permanent au Togo et lorsque nous revenons dans cette situation de coup d’État permanent, l’article 150 de la constitution oblige chaque citoyen à désobéir à l’autorité. Nous voulons signifier clairement au régime par cet appel qu’il n’est plus qualifié à discuter avec l’opposition togolaise. Ce sont les citoyens qui doivent maintenant arbitrer. Lorsque par la gouvernance un pouvoir s’est approprié à la fois le pouvoir du peuple et les richesses du pays, oui le peuple a le devoir de désobéir, et c’est le sens même de l’article 150 de la constitution », a martelé Me Tchessa.
Pour l’avocat, le Togo traverse une situation difficile et il invite la classe politique à avoir la mesure de sa responsabilité. « Le gouvernement a une responsabilité accrue dans la situation que nous traversons actuellement, il revient au gouvernement de montrer sa bonne foi en organisant un dialogue franc. Nous ne voulons pas aller à un dialogue pour aller à un dialogue. Nous voulons bien mesurer que notre pays entame ce virage démocratique qui permet de préparer un avenir meilleur aux générations futures. Nous avons perdu assez de temps et nous ne pouvons pas continuer de faire de la politique un instrument de destruction du pays. On a en face de nous un régime qui ne concède rien. On peut manifester dans notre pays et en même temps continuer à dialoguer », insiste-t-il.
Démarrées mardi dernier, sous fond d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, les activités politiques du collectif sauvons le Togo sont à leur troisième journée ce jeudi.
Le bilan des heurts entre la police et les manifestants durant les deux jours de manifestations, est d’une vingtaine de blessés et d’importants dégâts matériels. En marge de la manifestation de ce mercredi, il a été signalé l’arrestation par les manifestants de gendarmes en civiles qui ont été plus tard confiés aux organisations de défense des droits de l’Homme déployées en grand nombre sur le terrain des affrontements.
Le gouvernement a appelé mercredi soir, les leaders de l’opposition à dialoguer. La rencontre est prévue pour ce vendredi 24 août à la Primature. Mais il est difficile de confirmer la présence des responsables du collectif sauvons le Togo à cette rencontre.