Interview de Mme Véronique BATALE, présidente des femmes de l’OBUTS : « Nous ne voulons plus suivre aveuglement les leaders politiques hasardeux et marchands de nuit » Spécial

Écrit par  Publié dans Interviews mardi, 29 septembre 2015 08:14
Interview de Mme Véronique BATALE, présidente des femmes de l’OBUTS : « Nous ne voulons plus suivre aveuglement les leaders politiques hasardeux et marchands de nuit »

©Afreepress-(Lomé, le 29 sept. 2015)- Les femmes togolaises veulent occuper la place qui est la leur dans la construction du pays. Et les premières à exiger ce droit, sont les femmes battantes du parti OBUTS. Leur présidente, Mme Véronique BATALE revient dans cette interview sur les défis auxquels les femmes sont confrontées et appelle les hommes à plus d’ouverture afin d’offrir une chance aux femmes de faire leur preuve. Elle profite au passage pour dire ses quatre vérités aux leaders politiques, qui selon elle, utilisent le peuple comme une marchandise. « Les femmes togolaises doivent sortir de leur carcan et que désormais nous prenions notre destinée en main. Nous ne voulons plus suivre aveuglement les leaders politiques hasardeux et marchands de nuit », a-t-elle lancé dans cette interview bilan.

 

Lire l’intégralité de l’entretien.

 

Quel bilan faites-vous à la tête du mouvement des Femmes Solidaires de votre parti ?

 

Véronique BATALE : Je pense que dans le contexte politique qui est le nôtre, pouvoir affirmer humblement qu’avec le soutien de l’ensemble du bureau politique de notre formation politique, et du Collège des Sages,  j’ai donné le meilleur de moi-même pour être à la hauteur de ma mission. Il faut savoir que ce n’est pas une tâche aisée de leader ce bureau qui recèle des femmes très expérimentée, mais avec la bonne volonté de tous nous traçons sans grand bruit les sillons de l’avenir de la femme togolaise.

 

Tout au long de mon mandat, mon combat a été essentiellement d’éveiller la conscience féminine au cours de mes déplacements tant au niveau national, régional et local, sur la nécessité de conquérir nos droits notamment :l’égalité des droits entre femme et homme dans toutes les sphères de la vie, (politique, économique, civile et sociale), la lutte contre toutes les formes de violence et de discrimination à l’encontre des femmes et des filles, afin de promouvoir l’évolution des mentalités et des comportements pour que les droits légitimes de la femme soient reconnus non seulement par des dispositions législatives et réglementaires, mais aussi dans les faits.

Des ateliers furent aussi organisés pour transmettre aux femmes des techniques et un savoir-faire dans la production des biens tels que le savon et l’huile de palme dans le cadre du processus de leur autonomisation. Des expériences de micro finance sont en cours de développement au soutien des femmes vulnérables de notre organisation. Enfin nous insistons auprès de nos consœurs pour la scolarisation de la jeune fille, car savoir c’est pouvoir.

 

Pourquoi la femme togolaise n’est-elle pas suffisamment impliquée dans le processus de décision et de gouvernance du pays ?

 

En politique, les femmes jouent des coudes pour se faire une place. C’est le cas partout dans le monde mais plus encore en Afrique. Pour gravir les échelons, les femmes doivent se battre contre les clichés, contre les mentalités et parfois même contre d’autres femmes. En effet, au Togo aussi, les femmes participent peu à la prise de décisions politiques au sein  des structures formelles. Elles sont faiblement représentées dans les postes de décision, que ce soit au gouvernement, à l’Assemblée nationale ou au niveau des Institutions de la République que dans les formations politiques, en dépit de leur fort poids démographique (52%).Du coup, cette sous représentativité de la femme dans les instances politiques peut être perçue comme une illustration d'une amorphie politique, congénitale à la femme togolaise, et pourtant, elle aurait joué un rôle sans précédent dans les mouvements de luttes indépendantistes et sans doute, l'actuel monument de l'indépendance serait un hommage et une reconnaissance éternelle à leur endroit. L’inertie politique des femmes togolaises loin d'être donc un caractère absolu et inné est un fait ayant des origines essentiellement exogènes. L'instauration des régimes politiques dictatoriaux après l'indépendance a inhibé le potentiel d'engagement politique de la femme togolaise et aussi les stéréotypes et des préjugés élaborés par quelques pesanteurs socio culturelles continuent d'acculer la femme togolaise dans la sphère privée en l'empêchant d'exercer pleinement ses droits politiques.

 

Quelles solutions préconise votre formation politique pour remédier à cela ?

 

C’est dans le souci de favoriser une meilleure participation de la femme togolaise à la vie publique que la formation politique OBUTS créa en son sein le mouvement des FEMMES SOLIDAIRES depuis le 15 Janvier 2011. Ce mouvement travaille donc inlassablement pour faire prendre conscience aux femmes togolaises en général et aux femmes militantes en particulier de la nécessité de leur active participation à la vie politique. Les FEMMES SOLIDAIRES mènent des actions de sensibilisation et de formation en vue de la valorisation de ses membres pour qu’elles se mettent au-devant de la scène politique. OBUTS donne ainsi l’opportunité aux femmes togolaises de s’exprimer et d’être prêtes à agir de façon à ce que l’équité et leur engagement  plein et entier soit désormais une réalité dans tous les domaines de la vie au Togo.

 

Quel regard portez-vous sur la promotion de la femme togolaise dans la gouvernance incarnée par SEM Faure GNASSINGBE ?

 

L’engagement des gouvernements respectifs du Président Faure Gnassingbé pour la réalisation des OMD a conduit à formuler la Stratégie Nationale de Développement à long terme. Cette stratégie a permis d’élaborer le Document Intérimaire de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP-I), le Document Complet de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP-C) et la Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi (SCAPE) qui constituent les documents de référence pour toute décision de développement. S’agissant de l’égalité des sexes dans les sphères de prise de décisions, des mesures spéciales ont été prises. Il s’agit entre autres de la déclaration de la parité par le Chef de l’Etat en décembre 2012 et la modification du code électoral par la loi N°2013- 008 du 22 mars 2013 notamment en ses articles 220 et 225 qui oblige d’une part, les partis politiques à faire respecter la parité homme-femme sur les listes de candidats présentés aux élections législatives et d’autre part qui réduit de moitié le cautionnement aux élections législatives pour les candidats de sexe féminin. Ces mesures ont permis d’accroître la représentativité des femmes au Parlement qui est passée de 11,11% en 2007 à 17,58 % dans la législature actuelle.Le gouvernement fait certes des efforts mais il est à noter que beaucoup reste à faire car, il n’arrive pas à infléchir les tendances. Pour corriger cette tendance le Togo devra s’inspirer du modèle Rwandais où les femmes sont largement majoritaires à la chambre des députés (64%) et fortement représentées au sénat  (38 %) et au gouvernement (47%). Ainsi, au cours de ce nouveau quinquennat placé sous le sceau du social, la gouvernance incarnée par Faure Gnassingbé devra accorder une place importante aux questions de genre et d’autonomisation de la femme. Il s’agit des efforts à entreprendre pour réduire les inégalités et assurer la participation effective des femmes à l’action publique et politique. Les Femmes Solidaires en seront des sentinelles averties.

 

Dans certains pays de continent à l’instar du Kenya, les femmes sont majoritaires au Parlement, et singulièrement ce pays enregistre des succès énormes sur les plans politique, socioéconomique et diplomatique. Que vous inspire cela ?

 

A l’instar de nos consœurs Rwandaises, nous apprécions très hautement l’engagement des femmes Kenyanes en politique. Nous devons suivre également leur exemple. Désormais, les femmes togolaises, de tout bord politique, doivent mettre en place une démarche participative pour la définition de nouvelles stratégies permettant de répondre aux aspirations de toutes les composantes de notre société et aboutir à des objectifs clairs et précis pour tous, consensuels et qui tiennent comptent des problématiques spécifiques d’égalité des sexes, d’équité et de participation de la femme à la vie politique. Les femmes togolaises doivent sortir de leur carcan et que désormais nous prenions notre destinée en main. Nous ne voulons plus suivre aveuglement les leaders politiques hasardeux et marchands de nuit. Enfin, nous voulons construire avec les hommes responsables et républicains, un Togo uni et solidaire où le vivre ensemble et la prospérité soient les choses les mieux partagées.

 

A.G.

Dernière modification le mardi, 29 septembre 2015 10:14
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