© Afreepress (Lomé, le 5 août 2016)-Initié par le gouvernement togolais à la suite des inondations récurrentes de 2008 et 2009 et soutenu financièrement par la Banque mondiale et lev Fonds pour l’environnement mondial (FEM), le Projet d’urgence de réhabilitation des infrastructures et des services électriques (PURISE) est à sa fin depuis le 30 juin dernier.
Dans le cadre de ce projet, des caniveaux et des collecteurs ont été réalisés, des bassins construits, des routes ont été faites, des ampoules distribuées et des châteaux d’eau érigés. Au nombre des quartiers bénéficiaires, on peut compter Wuiti, Agbalépédogan, Djidjolé, Gakli et Adakpamé pour ne citer que ceux-là.
Dans une accordée à l’Agence Afreepress, Adodo Johnson, chargé du suivi-évaluation de ce projet, sa fierté à la suite de toutes ces réalisations.
« Et si on fait la somme de toutes ces localités, selon l’enquête qui a été réalisée, c’est près du million de personnes qui ont été bénéficiaires du projet, toutes tâches confondues. Ceci dit, même si c’est 1/10 de Loméens qui peuvent aujourd’hui dormir sans problème grâce à ce projet, c’est déjà pas mal », a-t-il relevé.
Voici l’interview
Q : Bonjour monsieur Adodo Johnson, vous êtes le chargé du suivi-évaluation du PURISE. Dites-nous ce que c’est que le PURISE ?
Adodo Johnson : Le PRURISE, Projet d’urgence de réhabilitation des infrastructures et des services électriques, comme son nom l’indique, est un projet d’urgence qui est devenu est projet structurant, dans la mesure où il a été prévu pour trois (3) ans mais finalement on en fait cinq (5) ans. Donc c’est devenu un projet structurant qui visait l’amélioration de l’accès des Loméens aux services de base, notamment en matière des sorties de l’eau (les inondations), leur proposer des voies praticables en toutes saisons, leur donner de l’énergie fiable et enfin apporter de l’eau potable à une grande proportion de Loméens.
En gros, c’est ça le PURISE. En trois ans, il fallait construire, réhabiliter et curer des caniveaux, réaliser des bassins d’orage, faire des routes, améliorer la distribution de l’énergie, introduire l’efficacité énergétique à travers les ampoules, construire des châteaux pour améliorer la distribution d’eau.
Q : Durant toutes ces années, qu’est-ce qui a été concrètement fait ?
A Lomé, concrètement, sur le plan purement du drainage, nous avons eu à réaliser des caniveaux, presqu’une trentaine de kilomètres de caniveaux, nous avons eu à réaliser également des collecteurs qui sont des grands caniveaux souterrains, nous avons eu à réaliser cinq bassins d’orage et à en construire un, à construire des routes, il était prévu 5km, nous avons construit presque 14 km, pour l’efficacité énergétique, 500.000 ampoules ont été distribuées dans la ville, nous avons aussi réhabilité ou construit des postes transformateurs pour stabiliser le courant et sécuriser les travailleurs de la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET) et enfin nous avons construit six châteaux d’eau.
Q : Le projet est à sa fin depuis le 30 juin dernier. Des travaux continuent de se faire sur le terrain ?
Quand c’est clos, c’est que cela l’est vraiment, il faut qu’on soit clair là-dessus. Cela veut dire qu’on ne peut plus prendre des engagements pour faire d’autres réalisations. Nous avons eu à clôturer officiellement. Par contre ce qui est sûr, tous ceux à qui nous devons de l’argent, c’est maintenant que les factures viennent, nous les réglons, c’est pour cela que nous sommes encore en place pendant quatre mois durant lesquels nous devons aussi produire des rapports. Nous avons eu à valider la dernière fois trois rapports d’évaluation, sur l’efficacité énergétique, sur les travaux et sur le rendement économique du projet lors d’un séminaire. Nous devons également réceptionner les audits techniques qui sont en cours et puis les audits environnementaux qu’on a réceptionnés et validés. Voilà à peu près ce que nous sommes en train de faire. On a clôturé le projet, maintenant, il faut le fermer.
Q : L’œuvre humaine n’étant pas parfaite, s’il y a quelque chose à refaire, qu’est-ce que vous referiez ?
La première chose, il ne faut pas que ce soit un projet d’urgence et qu’au milieu il devienne un projet structurant. Il faut que dès le départ, que ce soit un projet structurant. Cela veut dire que nous pouvons apporter des appuis aux communautés à la base. Le danger des projets d’urgence, c’est que vous réalisez des choses mais vous ne prenez pas des dispositions pour continuer à pérenniser les projets alors que pour un projet structurant, on doit nécessairement apporter des appuis aux communautés, notamment les CVD, les mairies etc. on devait apporter beaucoup plus de moyens à la communauté mais on n’a pas pu le faire. Cela aurait pu être bien fait si dès le départ, ce projet était structurant.
Ce que je regrette, c’est la disposition de nous-mêmes Togolais à pousser le développement. De tous bords, j’ai vu des gens qui ont poussé et de tous bords, j’en ai vu qui ont freiné. Mais je reconnais que si on pose sur une balance le pour et le contre, le pour dépasse largement le contre.
Q : Peut-on quantifier le nombre de personnes à qui le PURISE a profité et dans combien de quartiers ?
Pour ce qui concerne Agbalépédogan, Gakli et Djidjolé et tous ces quartiers-là, on a fait beaucoup de travaux là-bas. On a mis en synergie des bassins d’orage et on peut dire qu’Agbalépédogan est sorti quasiment de l’eau. Il y a des pluies décennales et centenaires qu’on ne peut pas maîtriser. On a travaillé également dans le quartier Foyer Pie XII où on n’a pas intervenu massivement. Par contre, dans les quartiers Djidjolé et Wuiti, on a fait un gros travail d’assainissement. A Adakpamé, on a fait un gros travail de drainage et d’accès à l’eau. Il y a aussi certains quartiers qui entourent la commune de Lomé, notamment Klémé et qui ont bénéficié d’un certain nombre de réalisations.
Et si on fait la somme de toutes ces localités, selon l’enquête qui a été réalisée, c’est près du million de personnes qui ont été bénéficiaires du projet, toutes tâches confondues. Ceci dit, même si c’est 1/10 de Loméens qui peuvent aujourd’hui dormir sans problème grâce à ce projet, c’est déjà pas mal.
Q : Les travaux sont aujourd’hui en place mais rien n’est acquis sans entretien. Qu’est-ce qui a été fait dans ce sens ?
Nous avons fait beaucoup de communication à travers les journalistes que nous avons mobilisés et beaucoup de choses ont été fait dans ce sens. Nous avons aussi produit des bandes dessinées que nous avons distribuées dans les écoles, des livrets ont été également confectionnés et qui expliquent un certain nombre de réalisations avant et après pour sensibiliser les gens. Des émissions radios et télés ont été animées et diffusées sur plusieurs chaînes. Si on met ensemble tout cela, nous pouvons dire que nous avons donc mis à contribution la communication.
Par contre, comme je le disais, nous n’avons pas eu à former les gens qui peuvent être des relais, il faut des brigades pour continuer le curage des caniveaux, on n’a pas eu à donner les moyens aux brigades existantes, ou à en créer d’autres, on n’a pas eu à aider la mairie dans ce sens, c’est ce qui manque et dans les projets prochains, il faut y penser.
Q : Un autre projet de la Banque mondiale pour le Togo ?
Nous avons dépassé l’urgence et nous sommes dans les projets structurants. Un autre projet de développement urbain, je pense que oui, je ne crois pas me tromper. Il y a eu en ce sens déjà des missions d’identification, d’autres missions seront encore là. Cette fois-ci, ce ne sera plus Lomé seule, c’est tout le Togo, cela va concerner au moins six villes, il y aura Tsévié, Atakpamé, Sokodé, Kpalimé, Kara et Dapaong. Actuellement, ces villes sont censées identifier les problèmes qui doivent faire l’objet de projet. Après ces missions, il y aura des études. Une fois ces études terminées, il y aura la phase de validation du projet par la banque. Cela n’engage que mois, il faut au minimum 8 à 9 mois pour avoir un autre projet, ce qui ne sera plus un projet d’urgence.
Q : Avec tout ce qui a été fait, quels sont les sentiments qui vous animent personnellement ?
Je ne vous cache pas que c’est un sentiment de joie. Je suis assez fier d’avoir participé à cette entreprise aux côtés de plusieurs personnes. Nous sommes des hommes, il y a eu des déceptions mais nous avons gagné en expérience en travaillant avec des gens de tous les bords. C’est une équipe où il y avait un peu de tout et tout le monde a apporté son savoir, c’est la première chose. Deuxième élément, j’ai personnellement appris des autres des techniques que je ne savais pas parce que je suis de la sociologie mais j’ai appris énormément en matière d’ingénierie et, d’entrepreneuriat. Troisième élément, j’ai vu dans cette équipe des autorités qui se sont mouillées les maillots et qui se sont battues et nous ont aidés à faire avancer ce projet. Evidemment, j’en ai aussi rencontré qui ne se sont pas beaucoup fatiguées. Il y a eu également des déceptions mais c’est un sentiment de fierté qui m’anime pour mon pays.
Propos recueillis par Telli K.