© Afreepress (Lomé, le 3 sept. 2012) —
Arrivé mardi dernier à Lomé dans le cadre de l'affaire d’escroquerie internationale, l’Émirati Abass Al Youssef l’homme à l’origine duquel l’ancien ministre de l’Administration territoriale Pascal Bodjona et Bertin Sow Agba sont entre les mains de la justice, s’est enfin expliqué.
C’était au cours d’une conférence de presse donnée dimanche par l’Émirati dans un grand hôtel de Lomé en présence de Mes Martial Akakpo et Jean-Dégli, tous deux ses avocats.
« Je n’ai rien de personnel contre M. Agba Bertin et M. Bodjona. Cependant, dans la mesure où il s’agit d’actes délictuels, j’espère que la justice togolaise traitera ces sujets avec impartialité, indépendance et compétence. La seule chose que moi je souhaite, c’est de récupérer mon argent. Si mon argent m’ait payé, j’arrêterais toutes procédures et toutes plaintes contre les gens qui sont concernés dans cette affaire. Je suis totalement ouvert à quel que règlement à l’amiable que ce soit qui peut aboutir à cette solution, celle qui m’apporterait ce qui m’a été pris ». C’est ce qu’a indiqué dimanche, l’Émirati dans une déclaration lue en langue anglaise.
Dans ses propos, Abass Al Youssef a dit vouloir une seule chose, « que ses droits soient défendus » par la justice togolaise. Cette affaire, a-t-il fait savoir, n’a aucun lien avec des intrigues politicopoliticiennes. L'homme a indiqué n’avoir rien de « personnel » contre l’ex-ministre Bodjona et Bertin Agba.
« Dans toutes mes déclarations et dépositions, j’ai clairement indiqué quel était exactement le rôle de M. Pascal Bodjona dont le nom et la position avaient été utilisés pour me déterminer, pour me convaincre de remettre toutes les sommes d’argent que les gens qui étaient autour de moi dans ce gang me demandaient de leur remettre. J’ai eu divers contacts avec le ministre Bodjona lui-même à qui j’ai offert une montre Rolex de grande classe en or et diamants et à qui j’ai apporté d’autres cadeaux », a confié l’Émirati et d'ajouter avoir été une fois « invité dans la maison de l’ancien ministre de l’Intérieur togolais » où est allé pour le remercier « pour tout ce qu’il faisait dans cette affaire » qu’on lui présentait comme une « affaire originale, mais en fait qui était celle dans laquelle Loïc Le Floch Prigent et M. Agba s’étaient arrangés » pour lui soutirer de l’argent.
Selon le plaignant, Pascal Bodjona a été appréhendé ce samedi parce qu’il a déposé une nouvelle plainte contre lui. « Pour préciser les choses de façon claire, j’ai donc décidé de déposer une plainte additionnelle mentionnant clairement son nom (le nom de Pascal Bodjona, NDLR) que j’ai rédigé le 30 août 2012, déposé devant le procureur le 31 août », a confié l’Émirati.
Toujours dans ce dossier, l’homme d’affaires Bertin Sow Agba a été arrêté le 7 mars 2011 suite à une plainte pour escroquerie déposée par Abass Al Youssef. Ce dernier s’est plaint d'avoir été escroqué de 48 millions de dollars US. On lui aurait fait miroiter une fortune du feu président ivoirien Robert Guéi estimée à 275 millions de dollars US (environ 145 milliards de F.CFA) qui couchait à la Banque centrale du Togo.
Cette affaire a démarré en mars 2011 avec l’arrestation par les agents de l’Agence nationale de renseignement (ANR) de l’homme d’affaires togolais Bertin Sow Agba et de l’ancien ambassadeur du Togo au Ghana, M. Gbikpi. L'ancien ambassadeur sera plus tard remis en liberté.
Après plus d’une année passée en prison, la Chambre d’accusation de la Cour Suprême du Togo avait rendu le 23 janvier dernier, une décision ordonnant la mise en liberté provisoire du détenu contre une caution de 150 millions de F.CFA. Mais celui-ci est toujours maintenu en prison au grand dam de ses avocats. C'est dans cette même affaire que le 2 août dernier, Pascal Bodjona se faisait à son tour arrêter par des gendarmes lourdement armés.
M. Abass Al Youssef a quitté Lomé dimanche après son entretien avec la presse. De l’autre côté, le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso Djibril Bassolé est annoncé à Lomé pour tenter une médiation entre les protagonistes. Lire la déclaration de l'Emirati.
En mars 2011, j’ai déposé une plainte contre Bertin Agba, Loïc Lefloch Prigent, et les personnes qui les ont aidés à me soutirer plus de 48 millions de dollars dans une grosse affaire d’escroquerie.
Au cours de la procédure, j’ai été interrogé par la gendarmerie togolaise et par un juge d’instruction togolais et j’ai été confronté avec M. Agba Bertin.
Dans toutes mes déclarations et dépositions, j’ai clairement indiqué quel était exactement le rôle de M. Pascal Bodjona dont le nom et la position avaient été utilisés pour me déterminer, pour me convaincre de remettre toutes les sommes d’argent que les gens qui étaient autour de moi dans ce gang me demandaient de leur remettre.
J’ai eu divers contacts avec le ministre Bodjona lui-même à qui j’ai offert une montre Rolex de grande classe en or et diamants et à qui j’ai apporté d’autres cadeaux.
J’ai été également invité dans la maison de l’ancien ministre de l’Intérieur togolais où j’ai été pour le remercier pour tout ce qu’il faisait dans cette affaire qu’on me présentait comme une affaire originale mais en fait qui était celle dans laquelle Loïc Le Floch Prigent et M. Agba s’étaient arrangés pour me soutirer de l’argent.
Au milieu du mois de juillet 2012, j’ai été convoqué par le juge d’instruction togolais pour une confrontation avec M. Bodjona le 28 août 2012. Malheureusement, quand je suis arrivé, il n’a pas été possible d’avoir cette confrontation avec M. Bodjona et j’ai des difficultés à comprendre pourquoi.
On m’a expliqué que je n’avais pas déposé de plainte contre M. Bodjona parce que son nom n’était nulle part mentionné dans ma plainte de mars 2011.
Pour moi, la plainte était globale ; il y n’y avait pas besoin de mentionner tous les noms.
Dans toutes mes déclarations, depuis le début, aussi bien à la gendarmerie que devant le juge d’instruction, j’ai mentionné le nom de Pascal Bodjona et le rôle que je pensais ou que j’avais compris être le sien.
En conséquence et pour préciser les choses de façon claire, j’ai donc décidé de déposer une plainte additionnelle mentionnant clairement son nom que j’ai rédigé le 30 août 2012, déposé devant le procureur le 31 août.
Je me tiens entièrement à la disposition de la justice togolaise et je voudrais très fortement que cette procédure aille à son terme et qu’elle puisse attendre la vérité et la justice que chaque être humain sur la planète mérite.
Je ne suis pas togolais, mais je suis un être humain. Si un togolais est victime d’une infraction en dehors de son pays partout dans le monde, personne ne peut l’interdire la justice de l’endroit où il a été victime de cette infraction et d’avoir une victime qui lui soit rendu.
Je voudrais que les togolais comprennent, je suis un étranger, mais que je mérite aussi d’être traité de la même manière que tout togolais serait traité où il se rend et où il est victime d’une infraction.
Je n’ai pas besoin d’être un togolais pour que mes droits soient respectés ici.
Je n’ai rien de personnel contre M. Agba Bertin et M. Bodjona. Cependant, dans la mesure où il s’agit d’actes délictuels, j’espère que la justice togolaise traitera ces sujets avec impartialité, indépendance et compétence.
La seule chose que moi je souhaite, c’est de récupérer mon argent. Si mon argent m’ait payé, j’arrêterais toutes procédures et toutes plaintes contre les gens qui sont concernés dans cette affaire. Je suis totalement ouvert à quelque règlement à l’amiable que ce soit qui puisse aboutir à cette solution, celle qui m’apporterait ce qui m’a été pris.
Pour moi, cette affaire n’a rien à avoir avec des manœuvres politiques. Dans tous les cas, je n’ai rien à faire avec les politiciens où la politique togolaise, je suis un homme d’affaire, un point un trait.
Je suis victime d’actes délictueux, qui implique les togolais et comme cela est le cas dans tous les pays du monde, j’ai déposé une plainte devant les juges et les procureurs togolais.
Une autre chose que je ne pouvais pas comprendre, c’est la procédure engagée par les juges togolais qui ont signé un mandat d’arrêt contre Loïc Le Floch Prigent n’a jamais pu aboutir en France où il n’a jamais été arrêté, interrogé malgré les actes des juges togolais envoyés en France.
J’ai instruit mes avocats pour déposer une plainte contre Loïk Le Floch-Prigent à Paris.
J’en appelle à chacun d’entre vous de traiter cette affaire avec impartialité, honnêteté.
Photo : Abass Al Youssef (milieu) entouré des avocats Jean Dégli (gauche) et Martial Akakpo (droite). (c) Afreepress.