Explications autour du retrait du NET de la coalition Arc-en-ciel/ Yves AGBEKPONOU : « Au NET nous restons droit dans nos bottes, la tête haute, fiers de notre engagement et avançons »

© Afreepress (Lomé, le 18 sept. 2012) —

Le 13 septembre 2012, le Nouvel engagement togolais (NET, opposition), parti membre fondateur de la coalition Arc-en-ciel, une coalition regroupant six partis politiques de l’opposition, annonçait sa décision de se retirer définitivement de cette coalition.

Pour les responsables du NET, cette décision est motivée par des « divergences de points de vue » et par les choix du nouveau-né des coalitions politiques togolaises.

Près d’une semaine après ce retrait, le porte-parole du NET, Yves AGBEKPONOU, revient sur les raisons d’une décision qui suscite encore beaucoup de commentaires dans la classe politique togolaise. Pour le porte-parole du NET, la décision de se retirer de la coalition a été prise par le Bureau national du NET, « conformément aux idéaux » du parti. L'homme se réjouit néanmoins que ce retrait n’entame en rien la détermination des autres membres de cette coalition, comme le soutiennent d'ailleurs ces derniers.

Interview de Yves AGBEKPONOU, porte-parole du NET:

Afreepress : Bonjour Monsieur, qui est Yves Agbékponou ?

Yves AGBEKPONOU : Yves AGBEKPONOU c’est ma modeste personne. Non plus sérieux. Je suis né un 24 novembre de l’an 1981 à Aného d’un père togolais de la grande famille AGBEKPONOU d’Aklakou et d’une mère habile commerçante originaire du Bénin. J’ai grandi à Kpémé, j’y ai fait mes études primaires à l’école privée de l’OTP Kpémé. Entre le CEG de l’Union (Kpémé), le CEG de Come (RB), le CEG d’Anfoin, le Collège St Augustin de Togoville, le Lycée de Zébévi d’Aného, je débarque enfin à Lomé après mon BAC.

Je fais mon BTS en commerce international puis au Ghana voisin, je pars améliorer mon « Business English ». Je reviens une année plus tard au pays. Passionné des nouvelles technologies de l’information je suis actuellement Directeur commercial et Marketing dans une société de la place spécialisée en distribution de solutions IT. Depuis j’ai engrangé plusieurs certifications de différents constructeurs IT. Catholique pratiquant depuis mon enfance.

Sportif, j’aime bien les escapades en montagne. Militant pour la justice mon entrée en politique date de peu, mais j’ai toujours suivi les évènements dans mon pays depuis toujours. Je suis chargé de la promotion des nouvelles technologies de l’information au Nouvel Engagement togolais (NET) dont je suis également le Porte-parole.

Afreepress : Le NET, votre parti, a annoncé le 13 septembre dernier sa décision de se retirer définitivement de la coalition Arc-en-ciel. Quelles sont les raisons qui ont motivé une telle décision ?

Yves AGBEKPONOU : Dans notre communiqué du 17 juillet qui annonçait la suspension de nos activités de la coalition il avait été fait mention d’un désaccord idéologique, cela n’ayant pas été clarifié, il est évident que nous ne pussions plus continuer par naviguer entre deux eaux et donc de reprendre notre entière autonomie.

Je rappelle que bien avant la coalition nous avions de bonnes relations avec le CST. Ce n’est donc pas une question de soutenir ou pas les objectifs du CST, mais il s’agit des moyens et des méthodes pour parvenir à ces objectifs.

Afreepress : La décision de se retirer de la coalition n’est-elle pas trop précipitée et ne fait-elle pas du NET, le bourreau de cette jeune coalition ?

Yves AGBEKPONOU : Précipitée ou pas je n’en sais rien, c’est le Bureau national qui a décidé ainsi, et cela conformément à nos idéaux. Cela fait pratiquement un mois que nous ne participons plus aux activités de la coalition.

Bourreau c’est un gros mot. Des leaders de certains partis membres de la coalition vous ont déjà dit que c’est un épiphénomène et d’autres, que cela n’entamait en rien la détermination des autres membres, je m’en réjouis d’ailleurs, car ce que nous souhaitons c’est qu’ils réussissent dans leurs projets.

Afreepress : Quelle a été la part d’intervention des autorités togolaises dans votre décision de quitter la coalition ?

Yves AGBEKPONOU : Si vous voulez parler du gouvernement que nous combattons, je ne comprends pas votre question. Vous croyez que tous ces jeunes déçus du système, qui ont décidé de s’engager pour combattre autrement ce système qui nous régente depuis un demi-siècle, doivent attendre des ordres de ceux-là qu’ils considèrent comme ennemis de leur liberté pour s’exécuter.

Laissez moi rappeler quelque chose que j’ai déjà dit quelque part : au NET nous restons droit dans nos bottes, la tête haute, fiers de notre engagement et avançons. Seules nos convictions idéologiques guident nos décisions. Et c’est cela que nous entendons par faire autrement la politique.

Afreepress : Le NET croit-il mener seul son combat pour l’avènement d’une démocratie au Togo ?

Yves AGBEKPONOU : Le Nouvel engagement togolais n’a pas cette prétention pour le moment, mais nous y contribuons par nos actions sur le terrain, la formation militante, la sensibilisation citoyenne et des actions de solidarité. Nous appelons à l’alternance à au plus tard 2015, mais il faut également préparer nos concitoyens à accompagner cette alternance dans l’acceptation de l’autre et la divergence de vues.

Afreepress : Vous vous intéressez également à la question de l’achat et de la vente de l’urée communément appelée engrais aux paysans. Expliquez-nous un peu ce que vous demandez au gouvernement.

Yves AGBEKPONOU : Nous demandons au gouvernement d’apporter une solution à un problème qui a été identifié dans ce secteur : le trafic d’engrais. Vous savez l’engrais togolais est subventionné et cela réveille la cupidité de certains de nos concitoyens.

Il a été identifié deux canaux de trafic, le détournement des cargaisons sur la route et le détournement des stocks des groupements au profit d’une filière d’exportation. Alors notre proposition pour lutter contre ce trafic est basée uniquement sur une solution « SMS » et une application web.

Le gouvernement ouvre un abonnement pour un numéro court chez les deux opérateurs sous forme d’hashtag auquel on abonnerait les différents groupements et leurs membres.

Lorsqu’une cargaison quitte Lomé pour un groupement de l’intérieur, un SMS sera envoyé au numéro court de ce groupement. Ainsi le groupement et les membres seront au courant du stock qui leur est octroyé et peuvent faire un bon suivi et renvoyer un SMS gratuitement au même numéro court s’ils constataient par exemple un retard.

Ce message arrive sur un serveur auquel les services techniques ou le ministre même, s’il le souhaite, ont accès. La gendarmerie sera alertée et une enquête pourrait être diligentée rapidement pour déterminer les causes du retard. En plus le chef du groupement sera astreint de signaler tout mouvement de stock ou à défaut au moins une mise à jour par semaine au même numéro. Cela permettrait, en analysant les différents SMS de détecter les anomalies éventuelles pour prendre des dispositions rapides. Cette solution a d’abord un rôle dissuasif et réactif.

En attendant l’alternance, il faut bien que les Togolais puissent vivre.