© Afreepress (Lomé, le 4 décembre 2015)-Depuis quelques semaines, un autre produit « made in Togo » fait parler de lui à la 12ème Foire internationale de Lomé. Il s’agit d’une machine à préparer toute sorte de pâte, que ce soit du maïs, du riz, fermentée et même le fameux « kom » que font les bonnes dames. Cette machine, fabriquée par la société « Foufoumix », s’appelle « Pâtemix ».
Rencontré sur le site de la foire, son inventeur, Minsob Logou, le même qui a eu l’ingénieuse idée de la machine à foufou, a retracé a l’Agence de presse Afreepress, ce qui a conduit à la fabrication de ce produit.
Selon lui, cette fête foraine qui se déroule au Centre togolais des expositions et foires de Lomé (CETEF-Lomé) Togo 2000 est une opportunité pour cette nouvelle machine de se faire connaître dans le monde entier. « La 12ème foire internationale nous a fait gagner un carnet d’adresses énorme. Je dirai même qu’aujourd’hui, notre carnet est plein à craquer. J’ai reçu des contacts surtout des Européens », a-t-il lancé.
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Afreepress.info : Il y a quelques semaines, vous avez sorti une nouvelle machine, pâtemix, une machine qui fait de la pâte. Pourquoi une telle machine, M. Logou ?
Minsob Logou : Je vais commencer par une petite histoire que j’ai vécue. Un jour, je suis allé à l’hôpital où j’ai vu une femme qui a été brûlée depuis la main jusqu’à l’épaule et j’ai demandé à savoir ce qui a causé cet accident puisque la dame faisait pitié. On m’a dit qu’elle préparait la pâte dans les funérailles et elle a trébuché et son bras est rentré dans la pâte chaude. Vraiment, ce n’était pas du tout beau à voir. Généralement, les inventeurs travaillent sur des problèmes vécus. Si vous êtes inventeur et que vous n’arrivez pas à détecter des problèmes sérieux, vous ne pourrez pas résoudre des problèmes. L’importance de l’invention dépend de l’importance du problème qu’on veut résoudre. On n’invente pas juste pour inventer, on le fait pour une cause. Je me suis rendu compte qu’à côté du Foufoumix que j’ai inventé pour faire le foufou, il y a encore un autre problème et que depuis, je n’avais pas encore découvert. Je me suis penché sur ce problème et j’ai réussi à faire une machine qui aide à préparer la pâte.
Afreepress.info : Quelle pâte peut faire votre machine ?
Minsob Logou : La machine fait toute sorte de pâte. Quand on parle de pâte, on pense souvent à la pâte de maïs qu’on appelle communément « Akoumè ». Il y a d’autres pâtes, celle du riz (Moloukoumè), la pâte fermentée (Makoumè). Cette machine fait toutes ces pâtes et même celle qui est faite et à base de laquelle les bonnes dames font du « Kom ». Nous avons trois modèles, celui adapté au ménage qui est petit, celui professionnel pour les restaurant qui est moyen et il y a le méga-modèle qui sert à faire la pâte pour 200 personnes qu’on utilise au niveau des grands rassemblements comme les camps d’évangélisation, des camps de réfugiés, de sinistrés et qu’on utilise aussi dans les funérailles où viennent des gens qui viennent de très loin et quand on ne les fait pas manger de la pâte, c’est qu’ils n’ont pas du tout mangé.
Afreepress.info : A qui est-elle destinée, cette nouvelle machine made in Togo ?
Minsob Logou : La machine est destinée à toutes les catégories de la population. Les femmes peuvent trouvent en cette machine une certaine libération. Mais quand on voit du côté africain, du Caire jusqu’en Afrique du sud, il n’y a pas un peuple qui ne mange pas la pâte. Au Congo, le foufou s’appelle la pâte de maïs. L’Afrique en général doit avoir besoin de cette machine. L’alimentation en énergie pour faire la pâte à partir de cette machine, c’est le gaz ou le charbon.
Afreepress.info : Quel bilan faites-vous de votre présence à la 12ème foire internationale de Lomé ?
Minsob Logou : C’est le même résultat. Quand nous venons à la foire, nous venons avec beaucoup de nos machines mais avant la fin de la foire, nous épuisons tout. Grâce à note marque qui est le foufoumix, les gens ont confiance en tout ce que nous faisons, puisque c’est du propre, ce n’est pas du bricolage et nos clients sont très satisfaits de nos produits. Avant la fin de la foire, nous allons encore prendre des noms dans le cahier parce que nos produits sont finis.
Afreepress.info : Tout marche donc à la foire ?
Minsob Logou : Ça marche sauf que nous avons été surpris par la fermeture de notre pavillon. On aurait pu nous prévenir à temps. C’est un grand désagrément mais au niveau des clients, on n’a rien senti. Nous avons beaucoup investi dans la communication pour dire à nos clients qu’ils ne peuvent plus nous trouver à la place habituelle, malgré ça, ils se perdent.
Afreepress.info : Quel est aujourd’hui l’état de votre carnet d’adresses ?
Minsob Logou : La 12ème foire internationale nous a fait gagner un carnet d’adresses énorme. Je dirai même qu’aujourd’hui, notre carnet est plein à craquer. J’ai reçu des contacts surtout des Européens.
Afreepress.info : Avez-vous aujourd’hui une unité de production reconnue par l’Etat ?
Minsob Logou : J’ai une unité de production digne de ce nom. Mais le seul problème, c’est qu’il y a une législation qui n’arrange pas les petits entrepreneurs que nous sommes. Je demande que le gouvernement puisse faire quelque chose pour que les petites entreprises puissent aller de l’avant. Il faut les exonérer de certaines taxes, c’est très important. Depuis le temps colonial, il n’y a que des entreprises étrangères qui font ces genres de choses. On me classe parmi les grosses entreprises et on me faire payer des taxes sans aucune retenue et ça nous tue. Les moyens que les grosses entreprises comme la brasserie ont, je ne les ai pas. Appliquer ces taxes à une entreprise comme la mienne qui emploie 23 personnes, c’est tout comme si on veut nous faire mourir. J’appelle l’Etat et surtout les députés à se pencher sur problème et faire en sorte que le discours tenu par nos dirigeants puisse devenir réalité en aménageant un cadre pour les jeunes entreprises, leur permettre de s’enraciner avant de faire face aux taxes. On exonère les entreprises de la zone franche des taxes, pourquoi ne pas le faire pour les entreprises locales qui essaient de se faire une place sous le soleil ? C’est un cri que je lance aux gouvernants qui ne veulent pas voir de telles initiatives mourir.
Les taxes sont multiples et servent à construire le pays mais il y a particulièrement certaines qui nous tuent.
L’exportation aussi est un autre problème. La machine à foufou n’est pas encore exportée jusqu’à présent à cause des taxes régionales de la CEDEAO qui font que nous n’arrivons pas à traverser les frontières. La libre circulation des biens et des personnes n’est pas encore une réalité à ce niveau. C’est un blocage pour le développement de la sous-région.
Propos recueillis par Bernadette A.