©Afreepress-(Kara, le 05 avril 2016) - Le Secrétaire général de l’Union des Forces de Changement, Dr SAMBIANI Djimongou pense avoir la formule pour guérir l’opposition togolaise de ses maux. Pour lui, il faut impérativement que les leaders de cette opposition évitent de s’«attaquer» les uns aux autres et de s’autodétruire. « L’heure est au sursaut d’orgueil pour voir comment nous allons nous organiser pour relancer la lutte avec beaucoup plus de dynamisme. Si on évite de dire c’est moi le plus grand, c’est moi le plus beau, nous pourrons facilement venir à bout du régime, moi j’en suis convaincu », a-t-il fait savoir dans un entretien qu’il vient d’accorder à l’Agence de presse Afreepress.
Dans cette interview, il aborde plusieurs sujets relatifs au travail de l’Assemblée nationale, à l’augmentation des indemnités des députés et au bulletin de santé de l’opposition.
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Bonjour honorable Djimongou. Vous êtes à Kara pour participer à la 1ère session ordinaire de l’année 2016 de l’Assemblée nationale. Que pouvez-vous dire sur cette décision de délocaliser cette session de l’année de l’Assemblée ?
SAMBIANI Djimongou : Merci beaucoup. L’Assemblée est encore appelée la représentation nationale. Elle a la maîtrise de son calendrier. Elle décide d’ouvrir sa première session ordinaire de l’année à Kara. C’est pour donner plus de visibilité à l’Assemblée nationale et permettre au Togo profond de voir de près comment fonctionne le parlement, comment les députés débattent en plénière, s’occupent de leurs préoccupations. Nous souhaitons qu’après Kara, les autres régions puissent bénéficier de cette expérience. On aimerait que les prochaines fois qu’on puisse aller jusqu’à Mandouri, comme ça les députés iront voir par eux-mêmes les difficultés que les populations de ces zones rencontrent et lors du vote du budget, ils pourront comprendre l’importance des allocations à accorder à certaines régions en difficulté de notre pays.
Avez-vous l’impression que le parlement vous donne les moyens d’aller par vous-mêmes au contact des populations à la base ? Avez-vous les moyens de votre politique ?
C’est une véritable question parce que le député togolais est considéré comme celui-là qui devrait résoudre tous les problèmes du peuple, tous les problèmes de sa circonscription électorale alors que les moyens mis à sa disposition ne le permettent pas. Ailleurs dans d’autres pays, il paraît qu’il y a un budget mis à la disposition des députés pour leur permettre de mener des actions sociales. Ici ce n’est pas le cas mais nous espérons que les choses vont s’améliorer afin que dans les années à venir, le député ait les ressources nécessaires pour aider sa circonscription électorale.
Mais il faudrait que nous fassions la part des choses. Le rôle de l’Assemblée nationale n’est pas de prendre la place de l’Exécutif qui est l’aménagement et le développement du territoire. Le député lui est là pour faire des plaidoyers et trouver des ressources à mettre à la disposition du développement de sa circonscription électorale et non de réaliser des œuvres à la place du gouvernement.
Peut-on dire que c’est ce que voulait régler le parlement en procédant à une légère hausse de vos émoluments ?
Je ne peux pas le dire en ce sens. Il y a une loi organique qui définit les indemnités et avantages liées à la fonction de député. Si on voulait l’appliquer réellement, je ne crois pas que ce soient ces indemnités qui seraient retenues, ce serait bien au-delà mais compte tenu des difficultés de notre pays, les parlementaires acceptent ce qu’on leur propose pour le moment sinon si on devrait appliquer la loi organique, ce serait nettement au-dessus de ce qui est retenu actuellement.
Dites-nous en votre qualité de Secrétaire général de l’Union des Forces pour le Changement (UFC). Comment se porte votre parti aujourd’hui ?
L’UFC se porte comme l’opposition togolaise. Nous sommes dans une posture de léthargie. Nous avons passé tout le temps à nous entre-déchirer, à nous attaquer au lieu d’attaquer l’adversaire qui est face et nous sommes en train de nous neutraliser. Donc l’heure est plus au sursaut d’orgueil pour voir comment nous allons nous organiser pour relancer la lutte avec beaucoup plus de dynamisme et que les uns et les autres acceptent de se faire violence comme nos frères béninois pour que le slogan : « si ce n’est pas moi ce ne serait jamais toi », soit définitivement banni au sein de l’opposition. Qu’on arrive à avoir une solidarité entre les partis de l’opposition. Si on évite de dire c’est moi le plus grand, c’est moi le plus beau, nous pourrons facilement venir à bout du régime, moi j’en suis convaincu.
A l’époque où nous avons mené une bonne lutte, nous avons gagné beaucoup de choses. Nous avons gagné le bulletin unique, nous avons gagné le droit de participer à la CENI et à tous ses démembrements, nous sommes été représentés dans tous les bureaux de vote. Nous pouvons avoir les procès-verbaux, nous pouvons avoir accès aux résultats. Mais, aujourd’hui nous n’arrivons pas à faire comme au Bénin.
Je pense que la force du pouvoir UNIR, c’est la division de l’opposition. Si nous arrivons à nous entendre sur certaines petites choses, nous pouvons aller loin. L’heure n’est pas au désespoir mais plutôt à une remise en cause de soi. Qu’on se retrouve pour voir comment allons-nous, nous organiser. Nous devons mettre nos égos de côté et nous devons poser les problèmes tels qu’ils sont et rechercher les solutions véritables.
Interview réalisée par Olivier A.