© Afreepress (Lomé, le 26 mai 2013) — Dans quelles conditions la justice togolaise a-t-elle accédé le 26 février dernier à la demande de remise en liberté provisoire pour raison de « santé » de Loïk Le Floch-Prigent arrêté à Abidjan en septembre 2012 et détenu à Lomé pendant 5 mois dans une affaire d’escroquerie ?
Désormais à l’abri de toute surprise sur le territoire français, l’ancien patron d’ELF Aquitaine commence par lever le voile sur cette affaire. « J'ai dû payer 50.000 euros que j'ai empruntés », a laissé entendre Loïk Le Floch-Prigent à l'occasion d'un « salon du polar » vendredi et samedi dans la périphérie de Brest, où il présentait « Granit rosse » sorti en 2012. C’est du moins ce que rapporte l’AFP dans l’une de ses dépêches. « Je vais commencer à parler, il est temps. J'ai été enlevé (à Abidjan), puis transféré dans un autre pays, puis on a demandé une rançon », décoche en réponse à une question, l’ancien grand patron français qui avoue ne plus pouvoir effectuer des voyages vers les États de la CEDEAO après cette procédure ouverte contre sa personne. « Je ne peux plus faire le travail que je faisais avant », regrette-t-il.
À RFI, l’homme apporte encore plus de détails et dit croire à un certain nombre de « certitudes » sur le Togo après cette expérience carcérale de plus de 5 mois.
« Première certitude, la justice au Togo n'existe pas : « Nous sommes au Togo dans une dictature. Cette dictature n’a pas de justice. Une fois qu’on a compris ça, on a compris ce dossier ». Deuxième certitude, les accusations portées contre lui sont fausses : « Je ne suis en rien dans cette affaire et d’ailleurs personne ne l’a montré ou démontré, ni ne me l’a dit ». », confie celui-ci à Radio France Internationale.
Une affaire politique ?
L'affaire dite d’« escroquerie internationale » serait utilisée pour « atteindre l'ancien ministre Pascal Bodjona, devenu un adversaire du président Faure Gnassingbé ». C’est la thèse que soutient l'ancien partenaire d'affaires d'Abass Al Youssef. L'homme dit n’avoir été qu’une victime « expiatoire » dans cette lutte entre de mastodontes de la politique togolaise. « La seule chose que l’on m’a demandé, c’est de dire du mal d’un ancien ministre d’État qui est incarcéré pas loin de chez moi », affirme Loïk Le Floch-Prigent. « Ce ministre d’État est-il Pascal Bodjona ? « Absolument », répond, catégorique, l’ancien PDG d’Elf à RFI.
50 000 euros de « rançon »
« La rançon qui m’a été demandée en octobre (2012) était de neuf millions de dollars. Puis, elle a été baissée à six millions de dollars. Argent dont je ne disposais pas puisque, en tout et pour tout, pendant mes années de présidence, j’ai gagné 1 million d’euros », a indiqué Loïk Le Floch-Prigent aux médias français puis de révéler que la justice togolaise « continue à (lui) demander la différence entre six millions de dollars et 50000 euros ».
Trois personnalités de nationalités togolaise et française avaient été interpellées dans le cadre d'une cette affaire de “complicité d'escroquerie » sur la personne d'un homme d'affaires Émirati et remises liberté en 2013 après plusieurs mois d’une bataille judiciaire acharnée entre la défense et le ministère public. Il s’agit de Loïk Le Floch-Prigent, Pascal Bodjona et Bertin Sow Agba.
Olivier A.