© Afreepress (Lomé, le 20 Nov. 2012) — Le Parti des Travailleurs dirigé par Claude Améganvi n’a pas digéré l’acceptation par le collectif sauvons le Togo (CST) dont il est membre de l’invitation du gouvernement à prendre part aux travaux du dialogue ouvert le 16 novembre dernier par le Premier ministre Séléagodji Arthème Ahoomey-Zunu en vue de discuter avec les principales forces politiques de l’opposition togolaise, des questions relatives à l’organisation des prochaines élections. À la veille de l’ouverture de ce dialogue, le Parti des Travailleurs a claqué la porte du CST en déposant une lettre de démission, a appris l’Agence Afreepress. Cette démission qui date du 15 novembre dernier a été gardée secrète par les instances dirigeantes du collectif qui ne l’ont rendue publique que lundi en fin de journée.
« Chers amis, le Parti des travailleurs tient à vous notifier formellement par la présente son retrait du collectif «SAUVONS LE TOGO !» pour cause de profond désaccord avec le processus actuellement engagé vers la tenue d’un dialogue politique avec le régime RPT/UNIR », a écrit Claude Améganvi à ses compagnons de lutte du CST.
Rester fidèle à ses convictions en ne s’associant « ni de près, ni de loin, à la tenue de ces rencontres qui n’ont été que des marchés de dupes », tel est l’argument développé par le président du Parti des Travailleurs dans sa lettre de démission. L'homme soutient que depuis plus de 21 ans, les dialogues organisés au Togo n’ont « invariablement servi qu’à légitimer les coups de force du régime RPT et à le sauver face aux mobilisations du peuple togolais pour en finir avec sa domination ».
Revenant sur l'historique des principaux pourparlers et dialogues organisés au Togo depuis les années 90 et le déclenchement du processus démocratique, Claude Améganvi pense que le régime togolais a toujours fait recours à ces pourparlers pour se « sauver de la disparition ». « Ce régime ne put être sauvé de la disparition que par des compromis qui intervinrent à travers une série de négociations, dialogues et accords qui ont imposé les élections en tant que mode préférentiel de dévolution du pouvoir politique comme dans les pays de tradition démocratiques. En témoigne leur succession comme suit », fustige-t-il.
Claude Améganvi mécontent de la relation du CST avec la Coalition Arc-en-ciel
Autre récrimination portée par le Parti des Travailleurs contre le collectif sauvons le Togo, sa collaboration avec l’autre regroupement de forces politiques de l’opposition dénommée Coalition Arc-en-ciel. Claude Améganvi, dans sa longue lettre de démission met en avant « toute une série de dysfonctionnements » qui selon lui, tendent à remettre en cause les règles démocratiques au sein du CST ce, depuis le début des activités communes avec la coalition Arc-en-ciel. Ces dysfonctionnements, souligne-t-il, ont fait « dévier » le CST de ses justes positions en le faisant « glisser insidieusement, sans véritable débat de fond », vers la recherche d’un dialogue sans (ou avec peu) de conditions avec le régime RPT.
En exemple, Claude Améganvi cite l’envoi d’une lettre de demande d’ouverture de dialogue à Faure GNASSINGBE signée par Me Zeus Ajavon, coordinateur du CST et les responsables de la Coalition Arc-en-ciel « dans l’ignorance de l’écrasante majorité des composantes du CST ». « La prise d’une décision de cette importance aurait dû être débattue en séance plénière, comme l’exige formellement notre plateforme d’organisation », critique-t-il.
Malgré le fait que la majorité des composantes du CST s’est vigoureusement désolidarisée de cette façon de placer ainsi l’ensemble du groupe devant le fait accompli, poursuit la lettre du Parti des Travailleurs, le débat autour de la question du nouveau dialogue avec le régime RPT a évolué dans un « malaise grandissant » qui a vu, de « façon fort curieuse », les différentes composantes du collectif se rallier, les unes après les autres, à sa tenue par rapport à laquelle ils avaient pourtant des fortes réticences jusque-là, relate l’homme. « C’est pourquoi, considérant que, depuis le départ jusqu’aux toutes dernières réunions, nous n’avons cessé de réitérer qu’un engagement du CST dans la voie d’un quelconque dialogue avec le régime RPT/UNIR délierait le Parti des travailleurs de l’appartenance au cadre organisé qu’il constitue, nous nous devons de tirer toutes les conséquences de l’engagement de la majorité du CST dans la voie d’un énième dialogue avec le régime RPT/UNIR. À cet effet, nous vous informons que le Parti des travailleurs se retire du CST et vous demande de considérer la présente comme une lettre de démission de sa structure organisée » précise le parti.
Le Parti des Travailleurs a été membre fondateur du CST et a milité aux côtés de ce regroupement depuis sa mise en place en mars dernier.
Olivier A.