© Afreepress (Lomé, le 10 sept. 2012) —
Les étudiants de l’université de Lomé ont pris d’assaut ce lundi, la Direction des Bourses et Stages (DBS) pour, disent-ils, manifester leur « mécontentement » face à ce qu’ils appellent « la mauvaise foi de l’autorité ».
Interrogé sur place par un journaliste de l’Agence Afreepress, le président du Mouvement pour l’Épanouissement de l’Étudiant Togolais (MEET), Awoudi Kodzo, meneur de ce mouvement, a laissé entendre que les étudiants étaient parvenus à la conclusion selon laquelle, « l’autorité passe par des méthodes inacceptables pour les flouer ». « C’est fini, menace-t-il, nous sommes dans les vacances, elle (l’autorité) va se frotter les mains. Je dis qu’elle se trompe d’adversaire parce que nous n’allons pas nous laisser faire. Nous n’allons pas baisser les bras, même pendant les vacances, nous allons réclamer nos droits », a-t-il martelé.
Pour le président du MEET, « plus de la moitié des étudiants » qui sont régulièrement inscrits dans les universités du Togo et « respectant les critères définis pour bénéficier des allocations et bourses universitaires, ne sont pas encore rentrés dans leur droit ».
Selon M. Awoudi, son mouvement a décidé de mener « des actions d’envergure » pour obliger le gouvernement à accéder à leurs revendications. « Nous sommes capables de mobiliser et les étudiants et la population pour que nos droits nous soient accordés », a-t-il indiqué à l’Agence Afreepress.
Voici l’intégralité de l’interview accordée par le président du MEET à Afreepress.
Afreepress : Bonjour M. Awoudi, qu’est-ce qui explique la présence en grand nombre des étudiants ce matin devant la DBS ?
Awoudi : Nous sommes ici ce matin pour manifester notre ras-le-bol. Nous ne pouvons pas comprendre que des étudiants, qui ont respecté les critères préalablement fixés par la DBS n’aient rien alors que la première tranche des allocations est sortie, la deuxième aussi, et tout récemment la troisième.
Nous tendons vers la fin de l’année, mais nous sommes frustrés, voilà la raison pour laquelle nous sommes là ce matin pour demander à l’autorité ce qui ne va pas.
L’autre fois, ils nous ont demandé de quitter les lieux en nous promettant que tout allait rentrer dans l’ordre.
Mais il y a deux semaines, rien n’est fait. Nous continuons par réclamer nos droits. Outre les tranches d’aides, il y a d’autres clauses de l’accord intervenu entre les autorités togolaises et les mouvements d’étudiants qui ne sont pas respectées.
Ils ont dit au point 7 de l’accord du 13 janvier 2011 que la Licence LMD allait être classée en catégorie A2. Jusqu’à ce jour, cette promesse n’est pas tenue.
Mais, comme ils ont un langage double, ils ont abandonné cette promesse pour rentrer dans une aberration notoire en nous disant qu’il fallait d’abord éliminer 60 crédits avant d’aller en Master.
Je dis que c’est une aberration parce que c’est contradictoire à la clause qui a été inscrite dans l’accord, un engagement qu’eux-mêmes ont pris. Aberration parce que ce n’est pas tout le monde qui va en Master. Du moment où la Licence LMD a le même contenu que la Maîtrise classique, je ne trouve pas véritablement là où se trouve le problème. Même nos professeurs s’accordent avec nous pour dire qu’il faut classer la Licence LMD en catégorie A2.
Afreepress : Combien d’étudiants, selon vous, sont concernés par cette situation ?
Awoudi : Nous sommes 43 000 étudiants à l’université de Lomé. Cependant, il n’y a que 20 000 étudiants qui sont entrés dans leurs droits. C’est donc la moitié, je dirai même la majorité qui est concernée par le problème.
Afreepress : Dites-nous, que comptez-vous faire devant cette réticence de l’autorité ?
Awoudi : Vous verrez. Nous menons ces petites actions pour voir si l’autorité va se rappeler ses propres engagements. Elle nous dit qu’elle s’en rappelle, mais elle ne fait rien de concret.
Cette action est faite pour tester la bonne foi de l’autorité. Nous venons maintenant de constater que l’autorité veut nous tourner en bourrique, elle est tout simplement de mauvaise foi.
Vous verrez les actions que nous allons mener dans les jours à venir. En ce moment, nous sommes en train de préparer des actions d’envergure, même pendant les vacances. Nous sommes capables de mobiliser et les étudiants et la population pour que nos droits nous soient accordés.
Afreepress : Concrètement, que comptez-vous faire ?
Awoudi : Je suis désolé de ne pas pouvoir vous satisfaire, car c’est trop tôt de dévoiler les stratégies de l’État-major du MEET.
Afreepress : De par les années passées, le MEET avait pu mobiliser des milliers d’étudiants. Constatez-vous le même engouement avec le départ d’Adou Séibou ?
Awoudi : Oui, vous venez de toucher à un point sensible. Mais je dois vous dire que l’engouement dépend des préoccupations de l’heure et la façon dont l’autorité nous traite.
Vous savez, nous ne sommes pas à l’université pour faire des manifestations. Ce n’est pas un plaisir pour nous. Vous verrez que nous mobiliserons les gens plus que l’année dernière si les choses ne changent pas. Mais nous sommes arrivés à la conclusion que l’autorité passe par des méthodes inacceptables pour nous flouer, et c’est fini. Nous sommes dans les vacances, elle va se frotter les mains. Je dis qu’elle se trompe d’adversaire parce que nous n’allons pas nous laisser faire. Nous n’allons pas baisser les bras, même pendant les vacances, nous allons réclamer nos droits.
Photo : Awoudi Kodzo, Président du MEET